Deux fioles contenant le Dengvaxia, un vaccin contre la dengue développé par le laboratoire Sanofi. / NOEL CELIS / AFP

Les Philippines ont annoncé, vendredi 3 décembre, la suspension d’une campagne de vaccination anti-dengue après que le groupe français Sanofi a indiqué que ce vaccin déjà administré à des milliers d’enfants pourrait aggraver la maladie dans certains cas.

Mercredi, le groupe pharmaceutique fabriquant le vaccin avait déconseillé l’utilisation du Dengvaxia, premier vaccin contre la dengue autorisé au monde, aux personnes n’ayant jamais été infectées.

Francisco Duque, le secrétaire d’Etat philippin à la santé, a assuré que « le ministère de la santé suspendra le programme de vaccination anti-dengue, tandis que des vérifications et des consultations sont en cours avec des experts (…) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ».

Dans un communiqué, l’OMS a recommandé que le vaccin « Dengvaxia soit administré seulement aux personnes ayant déjà été infectées par la dengue ». Un groupe d’experts de l’OMS doit en outre se réunir dans deux semaines pour décider du maintien ou non de la suspension.

L’inquiétude est réelle dans ce pays où plus de 733 000 Philippins ont été vaccinés contre le virus. Cela faire craindre que beaucoup d’entre eux puissent développer la forme la plus grave de cette maladie potentiellement mortelle.

La dengue est une maladie virale transmise à l’homme par des moustiques. Elle peut provoquer une forte fièvre avec des maux de tête, des éruptions cutanées et des douleurs derrière les yeux, dans les articulations et les muscles.

Vaccination essentielle

Pourtant, Sanofi avait initialement annoncé que son vaccin était « crucial » dans la lutte contre la dengue, « le plus répandu des virus transmis par les moustiques dans le monde ». Le groupe avait affirmé, mercredi, qu’une nouvelle étude avait confirmé les avantages du Dengvaxia sur « ceux qui avaient eu une infection antérieure ». Mais il avait également indiqué que « pour ceux qui n’avaient pas été précédemment infectés (…), l’analyse a révélé qu’à plus long terme, davantage de cas de maladie grave pourraient survenir après la vaccination en cas d’infection à la dengue ».

Toutefois, le gouvernement philippin n’a reçu à ce jour aucun signalement de problèmes liés à Dengvaxia. Il a également indiqué que ces nouvelles informations ne signifiaient pas que tous ceux qui n’ont jamais été infectés souffriraient de la forme plus grave de la dengue s’ils étaient vaccinés.

Malgré la suspension de la campagne de vaccination, M. Duque a souligné que « la vaccination [était] essentielle dans le cadre de la prévention et du contrôle de la dengue ». Un millier de Philippins sont morts de la dengue en 2016 sur un total de 211 000 cas, selon les statistiques officielles.