Les 12 000 canards touchés par la grippe aviaire dans le Lot-et-Garonne ne seront pas abattus
Les 12 000 canards touchés par la grippe aviaire dans le Lot-et-Garonne ne seront pas abattus
Par Philippe Gagnebet (Toulouse, correspondance)
La préfecture a décidé de ne pas abattre les canards d’une exploitation proche de Marmande, infectés par une variante faiblement pathogène de la grippe aviaire, le virus H5N3.
Photo prise le 22 février 2017. / GEORGES GOBET/AFP
L’éleveur-gaveur de Monbahus, près de Marmande dans le nord-ouest du Lot-et-Garonne, ne perdra pas pour la deuxième fois cette année son cheptel. Mis en quarantaine vendredi 1er décembre, après la détection de la présence d’une souche « faiblement pathogène H5N3 », les 12 000 canards mulards – des hybrides stériles issus du croisement de deux espèces de canard – auront la vie sauve. Avant d’être dispatchés dans des salles de gavage du département. Ainsi en a décidé, lundi 4 décembre, la préfecture, en lien direct avec le ministère de l’agriculture et la Direction générale de l’alimentation (DGAL).
La décision est importante et rompt avec la logique des abattages préventifs systématiques de début 2017. Près de quatre millions de canards avaient ainsi été euthanasiés dans le sud-ouest de la France, où se concentre 80 % de la production de foie gras. Cela pour stopper la propagation d’une autre variante de l’épizootie, le H5N8, beaucoup plus dangereuse pour les animaux, même si elle ne se transmet pas à l’homme. La facture s’élève à 350 millions d’euros pour 2016-2017, pour indemniser notamment les éleveurs, dont certains n’ont toujours pas été remboursés.
Pour Serge Bousquet-Cassagne, président de la chambre d’agriculture du département, « l’Etat change de cap et a enfin ouvert les yeux. Il s’agit d’un demi-rhume, sans aucune conséquence pour leur santé, encore moins pour celle des consommateurs. On ne va pas tuer systématiquement les animaux. »
Nouvelles mesures et baisse de la production
Fin 2016, il avait été le premier à porter plainte contre des sociétés de transport, suspectées d’avoir transporté le virus d’un élevage du Tarn vers le Lot-et-Garonne. L’enquête est, à ce jour, encore en cours. H5N8 s’était alors répandu comme une traînée de poudre dans le Gers, la Haute-Garonne ou encore les Landes ; et l’Etat avait donc décidé d’abattre les productions. Une sorte de principe de précaution.
Depuis, de nouvelles mesures de biosécurité ont été mises en place sur les « parcours », les élevages en plein air et les transports : sas sanitaires sur les exploitations, zones bétonnées aménagées pour les chargements et obligation pour les camions d’être équipés de carnets de désinfection et d’atomiseurs. Les éleveurs et gaveurs sont également incités à s’orienter vers la « bande unique », c’est-à-dire vers le regroupement en une seule période de production, alors qu’auparavant plusieurs bandes pouvaient s’étaler sur une année. Un confinement, ou claustration, des animaux pendant la période du 15 novembre au 15 janvier, pour préserver des oiseaux migrateurs, est désormais exigé en cas de risque élevé.
La filière affiche, de fait, une production en net recul. Moins 22 % sur un an en France, estime le Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog). L’offre s’est raréfiée après des mois d’arrêt d’activité chez certains professionnels de la Nouvelle-Aquitaine et d’Occitanie. La production française plafonne donc cette année à 11 000 tonnes, ce qui représente 23 millions de canards, contre 29 millions en 2016, une année déjà marquée par une première crise H5N1.