En Allemagne, l’ingénierie verte a le vent en poupe
En Allemagne, l’ingénierie verte a le vent en poupe
Par Cécile Boutelet (Berlin, correspondance)
Outre-Rhin, la politique énergétique, qui se veut résolument écologique, se traduit aussi par la formation des ingénieurs, de plus en plus spécialisée en matière de protection de l’environnement.
L’université de Stuttgart, proche des constructeurs de machines du Bade-Wurtemberg, propose dans son parcours de bachelor et master six spécialités d’ingénierie environnementale, de la gestion de l’eau à celle des gaz d’échappement.
En Allemagne, la protection de l’environnement ne se conçoit pas sans l’aide de la technique. Son industrie a démarré très tôt les recherches sur les procédés de réduction de la consommation d’énergie, des énergies renouvelables, de la protection thermique des bâtiments ou encore du tri des déchets.
Ce qui était une niche à la fin des années 1980 s’est transformé en un secteur de pointe pour le made in Germany. Signe des temps, Andreas Rade, le lobbyiste en chef du syndicat des constructeurs de machines et d’installations industrielles (VDMA), qui regroupe 3 200 entreprises et occupe un million de salariés, est l’ancien directeur de cabinet de Renate Künast, longtemps présidente du groupe parlementaire du parti des Verts au Bundestag.
Les neuf plus grandes universités techniques (TU) du pays ont des cursus d’ingénieur spécialisés dans l’ingénierie environnementale. Celle de Munich (TUM) et l’Université technique de Rhénanie-Westphalie (RWTH), à Aix-la-Chapelle, sont les plus réputées dans ces domaines.
« Technologies transversales »
A Aix-la-Chapelle, le cursus mêle compétences techniques et formation en sciences économiques et en droit. « Chaque développement technique devra à l’avenir être considéré sous l’aspect environnemental et son impact environnemental devra être analysé, précise un porte-parole de la RWTH. Dans le même temps, une communication compétente avec les décideurs, par exemple politiques, devient déterminante. Les sciences de l’ingénierie environnementale se distinguent des autres disciplines techniques parce qu’on ne peut pas les considérer uniquement sous l’aspect technique. »
L’université de Stuttgart, proche des nombreux constructeurs de machines du Bade-Wurtemberg, région industrielle dirigée depuis 2011 par une coalition menée par les Verts, propose dans son parcours de bachelor et master six spécialités d’ingénierie environnementale, de la gestion de l’eau à celle des gaz d’échappement.
La demande de compétences est très forte, et le VDMA a depuis 1984 un bureau spécialisé. Les entreprises de taille moyenne qu’il fédère « font partie des leaders mondiaux dans le domaine des techniques environnementales, souligne Naemi Denz, spécialiste des techniques de gestion des déchets et de recyclage et directrice du département technique et environnement du VDMA. Ce que nous appelons “technologies transversales”, comme les ventilateurs, les pompes ou les techniques de motorisation, propose une série de solutions pour l’efficience énergétique. »
« GreenTech made in Germany »
Le tournant énergétique engagé depuis 2011 a accéléré le développement des énergies renouvelables outre-Rhin – Siemens est devenu le numéro un mondial de l’éolien depuis le rachat de Gamesa, son concurrent espagnol, en 2016. « Les constructeurs de machines anticipent une augmentation de la demande de leurs clients dans le domaine des énergies renouvelables et de l’efficience énergétique », poursuit Naemi Denz.
Depuis 2014, un label « GreenTech made in Germany » regroupe 2 000 entreprises du pays, pour la plupart de taille intermédiaire. Selon les données du ministère de l’environnement, le marché des technologies environnementales, qui était de 2 500 milliards d’euros en 2013, devrait doubler d’ici à 2025, soit une croissance de 6 % par an. Et la part de marché des technologies made in Germany était de 14 % en 2014.
Pour les étudiants français en école d’ingénieurs désireux de se former en Allemagne, l’université franco-allemande offre de nombreuses possibilités d’obtenir un double diplôme d’ingénieur reconnu outre-Rhin. Un véritable sésame dans un contexte où l’industrie allemande, en grande forme, souffre du manque de personnel qualifié. L’Ecole des ponts ParisTech a ainsi un partenariat avec la TU de Munich, le Groupe des écoles centrales (Paris, Lille, Lyon, Marseille, Nantes) a un double diplôme avec la TU Berlin, avec la TU Dresde ainsi qu’avec l’université RWTH d’Aix-la-Chapelle.
Certains doubles diplômes sont consacrés spécifiquement à l’ingénierie verte. Ainsi l’université de Strasbourg propose depuis 2002 un cursus « bâtiments, travaux publics et environnement », en partenariat avec la Fachhochschule Nordwestschweiz (FHNW), en Suisse, et la Hochschule de Karlsruhe, en Allemagne.
« Les cursus d’ingénieurs allemands sont souvent plus spécialisés et orientés vers la pratique que les cursus français ; ils travaillent davantage sur les projets et les études de cas. Ils vont également plus souvent dans les entreprises pour collaborer. Il ne s’agit pas de stages, mais de projets de fin d’études qu’ils font systématiquement. En France, on propose aux étudiants une formation généraliste et théorique », explique Daniel Eich, responsable du programme à Strasbourg. Il estime en revanche qu’en matière de parcours professionnalisant et d’apprentissage, considéré comme une spécialité allemande, « les différences s’estompent entre les deux pays ».
« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures
Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions au moment d’effectuer les voeux d’orientation, Le Monde organise les conférences O21/s’orienter au 21e siècle, à Nancy (1er et 2 décembre 2017), Lille (19 et 20 janvier 2018), Nantes (16 et 17 février 2018), Bordeaux (2 et 3 mars 2018) et Paris (17 et 18 mars 2018).
S’y ajoutent des salons étudiants : après le salon des grandes écoles (SAGE) et celui des formations artistiques START, organisés chaque année en novembre et décembre, le Salon des masters et mastères spécialisés (SAMS) est prévu le 27 janvier. A consulter également, notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques APB / Parcoursup, O21 et Etudes supérieures.