Les Etats-Unis « prêts » à parler à la Corée du Nord « sans condition préalable »
Les Etats-Unis « prêts » à parler à la Corée du Nord « sans condition préalable »
Le Monde.fr avec AFP
Le chef de la diplomatie américaine a néanmoins précisé que Washington reste déterminé à obtenir par tous les moyens que Pyongyang renonce à l’arme nucléaire.
Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson, le 12 décembre à Washington. / JONATHAN ERNST / REUTERS
Les Etats-Unis ont dit mardi 12 décembre être prêts à entamer des discussions avec la Corée du Nord « sans condition préalable », même s’ils restent déterminés à obtenir par tous les moyens, y compris militaires, que Pyongyang renonce à l’arme nucléaire.
Au moment même où le chef de la diplomatie américaine Rex Tillerson faisait cette annonce qui semble assouplir la position de Washington, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a lui alimenté la guerre des mots de ces derniers mois, en faisant connaître son intention de faire de son pays « la puissance nucléaire et militaire la plus forte au monde ».
« Ils ont bien trop investi là-dedans »
Jusqu’ici, l’administration de Donald Trump avait toujours affirmé que d’éventuelles futures négociations avec la Corée du Nord ne pourraient se tenir, à terme, qu’à condition d’avoir comme objectif la dénucléarisation de la péninsule coréenne.
« Il n’est pas réaliste de dire “nous allons discuter avec vous seulement si vous venez à la table des négociations prêts à abandonner votre programme” » nucléaire, a fait valoir mardi M. Tillerson lors d’une conférence à Washington.
« Ils ont bien trop investi là-dedans », a-t-il estimé au sujet du développement de missiles intercontinentaux et d’armes nucléaires par Pyongyang.
« Nous sommes prêts à discuter dès que la Corée du Nord voudra discuter. Nous sommes prêts à tenir une première réunion sans condition préalable. »
« Rencontrons-nous, parlons de la météo si vous voulez, ou discutons pour savoir s’il faut une table carrée ou ronde si c’est ce qui vous fait plaisir. Mais au moins voyons-nous face à face et ensuite on pourra commencer à établir une feuille de route de ce vers quoi nous voudrions aller », a-t-il encore détaillé.
« Jusqu’à ce que la première bombe soit lâchée »
Changement de stratégie ? Par le passé, le secrétaire d’Etat s’est fait publiquement rabrouer par Donald Trump pour avoir évoqué l’existence de « canaux de communication » pour « sonder » les intentions de Kim Jong-un en vue d’un éventuel dialogue. « Il perd son temps à négocier », avait tweeté début octobre le président américain.
M. Tillerson a évoqué l’absence de condition préalable lors d’une séance de questions-réponses. Dans son discours préparé à l’avance, il n’y avait pas fait référence, mais il avait rappelé que l’objectif des Etats-Unis restait bien d’obtenir, coûte que coûte, l’abandon « vérifiable » des armes nucléaires par la Corée du Nord.
« Je vais poursuivre nos efforts diplomatiques jusqu’à ce que la première bombe soit lâchée », a-t-il lancé, tout en se disant « confiant » dans la réussite de la « campagne de pression » internationale visant à sanctionner et isoler Pyongyang.
« Une période de calme »
« Si la Corée du Nord fait de mauvais choix, nous sommes prêts militairement », a-t-il aussi prévenu. Donald Trump a plusieurs fois menacé de « détruire totalement » le pays en cas d’attaque de la part du régime de Kim Jong-un.
Selon le chef de la diplomatie américaine, si les Nord-Coréens ne renoncent pas à leurs ambitions nucléaires, « ils risquent de franchir un seuil à partir duquel nous, les diplomates, ne pourrons plus rien faire ». « Si nous franchissons ce seuil, j’aurais échoué. Et je ne veux pas échouer », a insisté Rex Tillerson.
S’il n’y a pas de condition préalable à un dialogue, et si « la porte est ouverte », le secrétaire d’Etat a tout de même rappelé, comme par le passé, que des discussions ne pourraient intervenir qu’après « une période de calme ». « Ce serait difficile de parler si au milieu de notre discussion vous décidez de tester un autre engin », a-t-il dit à l’intention de Pyongyang, qui a tiré le 28 novembre son dernier missile capable selon des experts d’atteindre le territoire continental des Etats-Unis.