Au Gabon, l’Assemblée adopte une révision constitutionnelle controversée
Au Gabon, l’Assemblée adopte une révision constitutionnelle controversée
Le Monde.fr avec AFP
Le texte, approuvé par une large majorité des députés, est contesté par l’opposition, qui dénonce une « monarchisation » de la République.
Les députés gabonais ont adopté, jeudi 14 décembre, un projet de loi controversé de révision constitutionnelle, l’opposition dénonçant une « monarchisation » du pouvoir. Le texte a été adopté à une très large majorité en séance plénière, ont indiqué deux députés présents lors du vote. Les médias publics n’en faisaient aucune mention vendredi matin, mais cette adoption a été confirmée à l’AFP par une source officielle ayant requis l’anonymat.
L’Assemblée nationale gabonaise est composée en quasi-totalité de membres du parti au pouvoir, le Parti démocratique gabonais (PDG). Le texte doit désormais passer devant le Sénat. Il sera ensuite examiné par la Cour constitutionnelle.
« Dialogue politique »
Le projet de révision de la Constitution fait débat depuis octobre au Gabon, qui a connu une élection présidentielle mouvementée en août 2016 et se prépare à des législatives en 2018. L’opposition dénonce une « monarchisation » de la République, mettant en avant le fait que le nouveau texte ne limite pas les mandats présidentiels et que les membres du gouvernement devront faire un « serment d’allégeance » au chef de l’Etat.
En novembre, l’opposant Zacharie Myboto s’était insurgé contre un texte qui, selon lui, conférait tout le pouvoir exécutif au président de la République et dépouillait l’Assemblée nationale de certaines de ses prérogatives.
« Il ne s’agit en aucun cas d’une présidentialisation ou d’une monarchisation », avait assuré pour sa part, début novembre, le porte-parole de la présidence, Ike Ngouoni Aila Oyouomi, estimant que le texte comporte des « avancées » en matière de démocratie, comme la mise en place d’un scrutin à deux tours pour l’élection présidentielle.
Adopté fin septembre en conseil des ministres, le projet met en application les actes du « dialogue politique » (mars-mai 2017) souhaité par l’exécutif pour tourner la page d’une présidentielle 2016 contestée par l’opposition et marquée par des violences post-électorales encore très présentes dans l’esprit des Gabonais. Le Gabon est dirigé depuis 2009 par Ali Bongo Ondimba, fils d’Omar Bongo, président de 1967 à sa mort.