« Les Femmes de la rivière qui pleure » : une tragédie sur fond de vendetta familiale
« Les Femmes de la rivière qui pleure » : une tragédie sur fond de vendetta familiale
Par Jean-François Rauger
Le film de Sheron Dayoc ne se réfugie pas dans un discours trop édifiant sur le conflit dans les montagnes de Mindanao (Philippines).
Deux clans s’affrontent depuis de nombreuses années dans les montagnes de Mindanao aux Philippines. Des morts de part et d’autre ont entraîné deux familles dans une suite de vendettas dont on ne semble jamais voir la fin, chaque mort appelant une vengeance dans le sang. Une jeune veuve fait corps avec sa belle-famille pour venger le meurtre de son époux. Les adolescents sont élevés dans l’idée d’une lutte mortelle avec leurs voisins.
Les Femmes de la rivière qui pleure est une tragédie didactique, où les éclats de violence, à la fois atroces et filmés avec une distance respectable et une sécheresse qui en accentue l’horreur (les jeux d’enfants s’y terminent parfois par un brutal et irréfléchi assassinat), succèdent aux périodes de deuil. Rétribution au nom des liens du sang, guerres territoriales plongent les protagonistes du film dans un sourd cauchemar. Progressivement, la question de la paix et de la réconciliation s’instille dans l’esprit des femmes du groupe.
Didactisme élégant
Mené avec un didactisme élégant, le film de Sheron Dayoc ne se réfugie pas dans un discours trop édifiant mais pose les bases d’une situation à première vue inextricable, en glissant de discrètes allégories. La manière dont l’espace et le paysage (marécages, ciel gris et pluvieux, rochers et rivières) sont filmés ne cède jamais à la tentation de la joliesse.
Bande-annonce LES FEMMES DE LA RIVIERE QUI PLEURE de Sheron Dayoc
Durée : 01:49
Film philippin et français de Sheron Dayoc. Avec Sharifa Pearlsia Ali-Dans, Laila Ulao, Taha G. Daranda (1 h 35). Sur le Web : dissidenzfilms.com/les-femmes-de-la-riviere-qui-pleure