Pour les étudiants diplômés, des passerelles existent vers la publicité, la communication ou le marketing. Les métiers du marché de l’art leur sont également accessibles. / Solent Creatives/flickr/CC by 2.0

Après une mise à niveau en arts appliqués (Manaa) et deux ans en BTS ­design de mode, Lauraline ­Maniglier a opéré un changement d’orientation, en apparence radical. Pour s’assurer de meilleurs débouchés, cette étudiante de 22 ans a quitté son école supérieure d’arts appliqués à Lyon pour rejoindre l’Ecole internationale de marketing de luxe (EIML), à Paris. « J’ai intégré directement la troisième année (L3), après une mise à niveau de trois mois en marketing, raconte-t-elle. Et même si j’ai tourné le dos à l’art proprement dit et à la création de vêtements, je continue à utiliser ma créativité et les compétences artistiques que j’ai acquises. »

Les étudiants en art diplômés d’une licence, d’un BTS ou d’un diplôme des métiers d’art (DMA) ont la possibilité de se réorienter, tout en restant proches de leur univers créatif. Des passerelles, comme celle empruntée par Lauraline, existent vers la publicité, la communication et le marketing – des cursus où les compétences en graphisme ou en design pourront être exploitées.

Marché de l’art, conservation du patrimoine

Les diplômés d’un bac + 2 peuvent également rejoindre une licence professionnelle, qui leur permettra, en un an, de se spécialiser ou de se former sur une autre compétence, en gardant un lien avec le monde de l’art. Ces licences, généralement accessibles sur dossier, offrent par exemple des débouchés vers le multimédia et l’édition. Certains établissements recrutent également des diplômés de bac + 2 pour des cursus de trois ans, délivrant un grade de master. L’Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (Ensatt) et Louis-Lumière sélectionnent ainsi sur concours de futurs ingénieurs du son, régisseurs ou directeurs techniques. Tout aussi proches de l’univers artistique, les métiers du marché de l’art (expert, antiquaire…) sont accessibles après une première formation artistique. Des études en histoire de l’art, en arts appliqués ou en arts plastiques ouvrent ainsi la voie à la profession de commissaire-priseur, à condition de suivre ensuite au moins deux années de droit puis de réussir l’examen d’entrée.

« Imaginer des installations qui valorisent le travail d’un artiste ou gérer des collections pour des galeries d’art et des musées sont des missions qui font appel à ma créativité et à mon amour de l’art », souligne Louise Rambaud.

Les carrières de la culture, liées à la conservation du patrimoine et à la gestion d’œuvres d’art, sont d’autres pistes à explorer. C’est la voie qu’a finalement empruntée Louise Rambaud. Après trois ans dans la célèbre Ecole de Condé (design, arts graphiques, photographie, métiers d’art…), cette étudiante originaire de Cholet (Maine-et-Loire) a choisi un master « patrimoine et musées » à l’université Bordeaux-Montaigne, avec une spécialisation en régie des œuvres. « Imaginer des installations qui valorisent le travail d’un artiste ou gérer des collections pour des galeries d’art et des musées sont des missions qui font appel à ma créativité et à mon amour de l’art », souligne-t-elle.

Métiers de la production

Aborder l’art sous l’angle de la gestion et de la production : voilà une réorientation qui pourrait également convenir aux étudiants passionnés de spectacle vivant souhaitant opter pour un cursus professionnalisant. L’université Sorbonne-Nouvelle forme par exemple de futurs producteurs de théâtre. Les métiers de la production se déclinent aussi en musique : un diplôme de « chargé de production des musiques actuelles » est délivré par Les Formations d’Issoudun (LFI), centre de formation continue installé dans la préfecture de l’Indre, qui propose depuis 1989 des cursus certifiants (chargé de production, régisseur de production) et professionnalisants financés par la région. D’autres écoles proposent des formations consacrées cette fois à la distribution et à l’exploitation de films, comme la Fémis (Ecole nationale supérieure des métiers de l’image et du son), à Paris, qui recrute sur concours à bac + 3.

Parmi toutes ces opportunités de réorientation, beaucoup « peuvent se faire au sein même des écoles d’art, puisque les étudiants s’y construisent un parcours à la carte et se spécialisent au fur et à mesure de leurs études », rappelle toutefois Julien Bohdanowicz, directeur des études de l’Ecole ­nationale supérieure des arts décoratifs.