TV – La diva de la fausse note
TV – La diva de la fausse note
Par Renaud Machart
A voir aussi ce soir. Un « docufiction » retrace la vraie histoire de Florence Foster Jenkins, probablement la cantatrice chantant le plus faux de l’histoire (sur Arte à 22 h 45).
« Florence Foster Jenkins, la vraie histoire de la soprano qui chantait faux », de Ralf Pleger (Arte).
Florence Foster Jenkins (1868-1944) est un flamboyant cas de déni auditif : cette riche et excentrique mondaine new-yorkaise était persuadée qu’elle était une grande cantatrice alors que, ses disques en témoignent, elle était incapable d’émettre une note juste.
Sa légende vivante trouva son climax lors d’un concert à Carnegie Hall, en 1944, où le Tout-New York se précipita pour y rire à gorge déployée. La soprano, au stade tertiaire d’une syphilis transmise par son premier époux, ne se remit pas des critiques carnassières publiées le lendemain. L’une d’entre elles ironisait sur « sa capacité à improviser en quarts de ton ».
Un kitsch digne de « La Cage aux folles »
Pour raconter cette histoire – devenue célèbre notamment grâce aux films Marguerite (2015), de Xavier Giannoli, et Florence Foster Jenkins (2016), de Stephen Frears –, Arte a choisi l’artifice du docufiction : des entretiens avec des historiens sont mêlés à des scènes et à des tableaux vivants reconstitués, d’un kitsch digne de La Cage aux folles.
La mezzo-soprano Joyce DiDonato – également productrice exécutive – incarne Madame Florence. Seul problème : pourquoi l’entend-on davantage chanter magnifiquement que contrefaire les sons criards de Foster Jenkins ? Et pourquoi ces nombreuses vues du New York d’aujourd’hui ?
Florence Foster Jenkins: A World Of Her Own
Durée : 01:29:16
On recommandera plutôt de voir le documentaire de Donald Collup, Florence Foster Jenkins, a World of Her Own (1 DVD VAI, 2007, disponible sur YouTube, non sous-titré), avec la collaboration du spécialiste de Foster Jenkins, Gregor Benko, qui participe également au film d’Arte.
On y entend, dans le texte, les commentaires réinterprétés par la chaîne franco-allemande et, surtout, on y voit moult documents photographiques originaux, dont, entre autres, les fameux tableaux vivants dont la Castafiore new-yorkaise avait le secret.
Ce documentaire de quatre-vingt-dix minutes, sans images animées (des captations filmées des tableaux vivants ont été retrouvés en 2009), est certes austère. Mais Arte aurait trouvé profit à puiser aux mêmes sources documentaires plutôt que de souscrire à la facilité d’un récit qui meuble beaucoup en donnant l’impression d’avoir peur d’ennuyer le téléspectateur.
Florence Foster Jenkins, la vraie histoire de la soprano qui chantait faux, de Ralf Pleger (Allemagne, 2015, 52 min).