La présidente du Front national, Marine Le Pen, durant son discours devant d’autres parlementaires européens d’extrême droite, à Prague, samedi 16 décembre 2017. / Vit Simanek / AP

Une « fake news », c’est ainsi que Marine Le Pen a qualifié dimanche le chiffre de 80 % des militants du Front national qui seraient opposés à changer le nom du parti d’extrême droite, selon RTL qui a publié cette information le 4 janvier.

La présidente du Front national a estimé qu’il devait changer de nom pour être perçu comme un « parti de gouvernement », susceptible de nouer des alliances. Marine Le Pen a défendu cette hypothèse lors d’une conférence de presse à Alençon, huitième étape de sa tournée de « refondation » : « Aujourd’hui, si nous changeons le Front national, alors, il faut aussi changer l’appellation. »

« Nous ne pouvons pas réfléchir en termes de nostalgie »

« Si un nom contient une charge qui puisse susciter des craintes, ou [avoir] une charge émotionnelle qui soit trop forte, et il semblerait que ce soit quand même le cas du Front national, alors il ne faut pas hésiter à se donner les moyens de la victoire », a plaidé l’ancienne candidate à la présidentielle.

« Si nous voulons que ce mouvement soit entendu, envisagé comme parti de gouvernement, susceptible de nouer des alliances, alors, il faut que ceux qui, éventuellement, seraient tentés par cette alliance se disent : “Il y a un nouveau mouvement qui tient compte de cette capacité, de cette possibilité de nouer des alliances.” »

« Il faut maintenant qu’il [le FN] termine sa mue » et passe de « parti d’opposition, de contestation » à un parti de « gouvernement », a-t-elle martelé alors que celui-ci vit une crise identitaire après sa défaite à la présidentielle de mai 2017. « Nous ne pouvons pas réfléchir en termes de nostalgie », selon la députée du Pas-de-Calais.

Le Front national toujours mis en examen dans l’affaire des assistants parlementaires européens

« Un parti politique est un outil qui doit servir à arriver au pouvoir. Ce n’est pas une fin en soi », a aussi expliqué Marine Le Pen alors qu’elle est elle-même mise en examen, tout comme le vice-président du parti, Louis Aliot, et le Front national lui-même, pour « abus de confiance » dans l’affaire des assistants parlementaires européens. Le FN est soupçonné d’avoir profité des fonds du Parlement européen en embauchant fictivement des assistants parlementaires alors que ceux-ci travaillaient, en réalité, pour le compte du parti, en France.

Les militants du parti frontiste sont « plutôt majoritairement pour un changement de nom » à ce stade du dépouillement des questionnaires envoyés dans le cadre de la « refondation », a-t-elle assuré. La tendance finale est au changement de nom, « un certain nombre de noms seront suggérés » au congrès du FN le 11 mars et les militants voteront « sur ces noms », selon l’ancienne candidate à la présidentielle.

Saluant les succès électoraux de partis d’extrême droite en Pologne, en Hongrie et en Autriche, où le parti FPÖ a obtenu des ministères régaliens, l’ancienne eurodéputée a affirmé pouvoir « envisager sérieusement une véritable bascule au niveau européen ». « Jamais le projet que nous portons n’a été aussi près d’une réalisation effective » en Europe, a expliqué Marine Le Pen.

« Nous devons non seulement continuer à pointer du doigt les incohérences, les défaillances, les carences de la politique qui est mise en œuvre aujourd’hui, mais nous devons être aussi capables de présenter aux Français les projets qui sont les nôtres », a-t-elle conclu.