TV – « Born to Kill », un ange exterminateur
TV – « Born to Kill », un ange exterminateur
Par Renaud Machart
Notre choix du soir. La minisérie britannique fait le portrait glaçant et pourtant sensible d’un jeune tueur en série et de son entourage familial (sur Canal+ à 21 heures).
Le portrait d’un jeune tueur en série n’est certes pas inédit. Mais les variations sur ce thème inusable que proposent les créatrices Tracey Malone et Kate Ashfield avec la minisérie Born to Kill (« Tueur-né ») sont étourdissantes et glaçantes.
Sam, 16 ans (joué par Jack Rowan, troublant et virtuose), est un lycéen beau et souriant dont la mère, Jenny, a tout lieu de penser qu’il est le fils parfait : il lui prépare le petit-déjeuner, vient faire la lecture aux patients d’un hôpital où elle est infirmière, lui réclame des câlins à un âge où d’ordinaire on les refuse.
Sam croit son père mort ; il est en fait emprisonné depuis douze ans, pour meurtre. Mais il n’attendra pas cette nouvelle, qu’il découvre sur le tard, et la libération de son géniteur pour assouvir ses pulsions létales. Dans le même temps, le jeune homme découvre l’amour physique avec Chrissie, une jeune lycéenne perturbée, tandis que Jenny et Bill, le père de Chrissie, nouent une idylle.
Thriller en quatre épisodes à la courbe dramatique parfaite, et formidablement interprété, Born to Kill a aussi la qualité d’une fine peinture psychologique des rapports parents-enfants – notamment celle de Bill avec son acariâtre vieille mère.
Jack Rowan (Sam), Richard Coyle (Peter) / BBC
On regrettera simplement, dans cette excellente réalisation (signée Bruce Goodison), ce tic, souvent relevé ailleurs, qui occasionne un décalage parfois gênant entre un dialogue (ou un son) et une scène (ou un plan).
Ainsi, lorsqu’elle se rend à la prison pour une réunion de conciliation avec le père de Sam, entend-on Jenny s’exprimer depuis quelques longues secondes alors que, à l’image, elle quitte silencieusement le parc de stationnement de sa voiture.
Dans le dernier épisode – acmé haletant s’il en est –, on entend un téléphone sonner. Est-ce celui qu’on verra décroché dans la scène suivante ? Non, c’est bien celui de Chrissie, qui le sort de sa poche.
Cet artifice a, on imagine, la vertu présumée de donner de l’élan à la réalisation en gagnant quelques secondes ici ou là. Il est inutile en ce cadre, tant le tempo de Born to Kill est juste.
Born to Kill, série créée par Tracey Malone et Kate Ashfield. Avec Jack Rowan, Romola Garai, Lara Peake, Daniel Mays, Richard Coyle, Sharon Small, Elizabeth Counsell (GB, 2017, 4 × 49 min).