TV – « Scoop »: le magicien, la greluche et le journaliste fantôme
TV - « Scoop »: le magicien, la greluche et le journaliste fantôme
Par Thomas Sotinel
A voir aussi ce soir. Où Woody Allen revient à la comédie, au music-hall et à l’humour juif (sur Chérie 25 à 20 h 55).
Scoop
Durée : 01:49
Un an après Match Point, Woody Allen affiche avec Scoop (2006) son retour à la comédie, au music-hall new-yorkais et à l’humour juif. Pour ce faire, il fait appel à la prestidigitation, à la Faucheuse et à un couple de détectives amateurs. Un journaliste anglais incorruptible découvre, alors qu’il traverse le Styx, une information sensationnelle. Incapable de l’emporter avec lui dans l’au-delà, il n’a de cesse qu’il ne l’ait communiquée.
La bénéficiaire du scoop est une étudiante en journalisme, Américaine de passage à Londres, Sondra Pransky (Scarlett Johansson en nunuche mal fagotée). Elle reçoit la bonne nouvelle alors qu’elle se trouve dans la boîte à double fond d’un illusionniste névrotique, le grand Splendini (Woody Allen). Le défunt journaliste lui apprend que le tueur au tarot qui marche avec ardeur sur les traces de Jack l’Eventreur n’est autre que l’un des plus beaux spécimens de l’aristocratie britannique, Peter Lyman (Hugh Jackman). Au cours de son enquête, la greluche yankee s’éprend du lord, malgré les avertissements de Splendini.
Humour macabre
Sur cette base, qui mêle la comédie policière américaine des années 1930 et 1940, l’un des grands films de Hitchcock (Soupçons) et un classique de la littérature (Une tragédie américaine, de Theodore Dreiser), Woody Allen se laisse aller avec paresse et plaisir à ses penchants. Il fait surgir des répliques d’anthologie, use de gags jusqu’à la corde et fait subir à sa vedette des épreuves d’un autre âge, comme si l’inventeur d’une des femmes les plus modernes de l’histoire du cinéma (Annie Hall) était retombé en enfance, au temps des ingénues hollywoodiennes.
Scoop restera dans les annales alléniennes puisque c’est ici la première fois que Woody Allen refuse au personnage qu’il interprète les faveurs de la vedette féminine. Sid a pour Sandra des sentiments paternels qui le rendent plus sympathique que les précédents avatars du cinéaste – réalisateur névrotique (Hollywood Ending) ou solitaire paranoïaque (Anything Else).
La conclusion un peu noire de Scoop, son humour macabre montrent qu’il ne s’agit que d’une pause dans le parcours du cinéaste, et que ses obsessions, qui servent ici d’accessoires, sont prêtes à repasser au premier plan.
Scoop, de Woody Allen. Avec Scarlett Johansson, Woody Allen (EU, 2006, 98 min).