La chronologie

  • La contamination à la salmonelle dans l’usine de Craon (Mayenne) du groupe agroalimentaire français Lactalis a été révélée au public au début de décembre ;
  • Face au refus du géant agroalimentaire de retirer les produits contaminés, Bruno Le Maire, ministre de l’économie, a signé le 9 décembre un arrêté demandant la suspension de la commercialisation des laits infantiles de cette marque et le rappel de quelque 600 lots ;
  • A la fin de décembre, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour « blessures involontaires », « mise en danger de la vie d’autrui », « tromperie aggravée par le danger pour la santé humaine » et « inexécution d’une procédure de retrait ou de rappel d’un produit » préjudiciable à la santé ;
  • En janvier, la crise s’est étendue à la grande distribution, dont les principales enseignes (Leclerc, Auchan, Carrefour, Système U) ont admis avoir écoulé des produits concernés par les rappels successifs ;
  • Dernier volet en date, selon une étude publiée le 11 janvier, les produits en question ont été vendus dans soixante-six pays, dont douze de l’Union européenne ;
  • Pour mettre un terme à la crise sanitaire, Bruno Le Maire a annoncé le 12 janvier que Lactalis devra reprendre, sans distinction, tous les lots de lait infantile produits dans son usine de Craon.

Le chiffre

37 + 2

Au 9 janvier, les autorités de santé avaient recensé en France trente-sept nourrissons atteints de salmonellose et ayant consommé un lait ou un produit d’alimentation infantile de l’usine incriminée. Dix-huit nourrissons ont été hospitalisés, mais tous auraient quitté l’hôpital.

Un cas de salmonellose avéré a été découvert en Espagne, et un autre cas reste à confirmer en Grèce.

La citation

« Lactalis communiquera publiquement sur les causes de la contamination dès qu’elles seront établies ».

Afin de mettre fin à l’inquiétude des familles et d’éviter que ce scandale ne vienne éprouver la « réputation » d’une filière laitière française déjà en crise, le ministre a « demandé à M. (Emmanuel) Besnier, le président de Lactalis, de faire preuve de davantage de transparence ».

Recherche de responsables

Les distributeurs, dont certains ont continué à vendre des produits potentiellement contaminés après l’annonce de leur retrait, refusent d’endosser toute la responsabilité. Le président-directeur général des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, a estimé jeudi 11 janvier qu’il y avait eu une « défaillance systémique et pas seulement sectorielle », épinglant au passage « des services de l’Etat ».

Plusieurs responsables politiques et syndicaux ont également critiqué l’attitude de l’Etat, dénonçant notamment une baisse du budget et du personnel de la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), un service du ministère de l’économie.

Selon le gouvernement, la DGCCRF a effectué deux mille cinq cents contrôles depuis le 26 décembre, et en prévoit autant dès la semaine prochaine pour vérifier que tous les produits potentiellement contaminés ont bien disparu des rayons et des stocks.

Un P-DG invisible

A la tête de Lactalis depuis 2000, Emmanuel Besnier suit la même ligne directrice depuis ses débuts, celle d’un P-DG invisible, hermétique à toute forme de dialogue. Pas une interview, pas une photo. Les résultats du groupe, numéro un mondial du secteur, son endettement, tout est confidentiel. Même lorsque la situation est alarmante. A l’image du scandale sanitaire actuel.

Les salmonelles en question

  • Les salmonelles, bactéries relativement répandues dans notre environnement et qui proviennent du tube digestif des animaux, sont à l’origine d’infections alimentaires souvent bénignes, mais aux conséquences potentiellement graves chez les nourrissons, comme l’illustre cette crise ;
  • Souvent, c’est un manquement aux règles d’hygiène qui déclenche une contamination à l’alimentation humaine. Les salmonelles survivent aux basses températures, y compris à la congélation, mais meurent à la cuisson ;
  • Dans le cas de l’usine Lactalis de Craon, le groupe disait le 10 décembre avoir trouvé une « cause probable » qui situerait la contamination au début de mai.