Un « effet Macron » sur l’immobilier de luxe
Un « effet Macron » sur l’immobilier de luxe
Par Jérôme Porier
Le retour sur le marché parisien des acheteurs étrangers et des Français vivant à Londres ou à Bruxelles dope les prix.
Un immeuble avenue Georges-Mandel, dans le 16e arrondissement de Paris. / Jérôme Porier
A Paris, les prix de l’immobilier de luxe ont progressé d’environ 10 % en 2017, avec un bond de 25 % du nombre de transactions, selon une étude publiée le jeudi 18 janvier par le réseau Barnes, qui observe un retour en force des investisseurs étrangers en France, en particulier dans la capitale. Même la mise en place de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), qui remplace l’impôt de solidarité sur la fortune dès 2018, ne semble pas freiner leurs ardeurs.
Barnes fait état d’une progression de 15,6 % du nombre de ses transactions en 2017, avec un bond (+22,5 %) des ventes de biens d’une valeur comprise entre 1 et 4 millions d’euros. « Paris profite des incertitudes liées au Brexit et au projet d’indépendance de la Catalogne, qui a fait chuter les prix de 20 % à Barcelone au second semestre 2017. Dans certains quartiers parisiens, les étrangers représentent un tiers des acheteurs », précise Thibault de Saint-Vincent, président de Barnes.
Sans surprise, les arrondissements de l’ouest et du cœur de la capitale sont les plus recherchés, mais ils sont désormais concurrencés par de « nouveaux » quartiers comme Bastille, le 12e, les Abbesses ou les Batignolles. Si la faiblesse du rouble maintient les Russes à l’écart de Paris et de la Côte d’Azur, un timide retour des acheteurs américains est perceptible, malgré la vigueur de l’euro face au dollar.
Du jamais vu
Même son de cloche chez d’autres spécialistes de l’immobilier de luxe comme Coldwell Banker, Emile Garcin et Daniel Féau, qui n’hésitent pas à parler d’un « effet Macron » sur le marché français de l’immobilier de luxe. « C’est du jamais vu. Tout se passe comme si un vent de confiance totalement inédit avait balayé l’attentisme, voire le pessimisme, qui sévissait encore ces dernières années, qu’il s’agisse de la clientèle française ou internationale. Le niveau des taux d’intérêt est certes très attractif, mais l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron a indéniablement créé une dynamique inconnue », commente Charles-Marie Jottras, président du groupe Féau.
En provenance essentiellement de Bruxelles et de Londres, les Français non-résidents ont recommencé à faire leurs emplettes en France. Président de Coldwell Banker, Laurent Demeure anticipe un cycle haussier « jusqu’en 2020 ». Après Paris, Bordeaux et le bassin d’Arcachon sont les principaux bénéficiaires de la hausse. « Ma principale inquiétude est la raréfaction des biens à vendre, confie M. Demeure. En un an, notre stock est passé de 400 à 320 appartements à Paris. »
De même, chez Daniel Féau, le stock de biens à vendre, qui représente environ 3 milliards d’euros, a presque diminué de moitié depuis la fin 2012. Dans les beaux quartiers parisiens, les biens les plus recherchés, les appartements familiaux de 120 à 160 mètres carrés, avec trois chambres, partent vite. Pour 2018, Charles-Marie Jottras anticipe une poursuite de la hausse des prix « à un rythme plus raisonnable ».