Chris Froome, avec le maillot jaune, lors de l’édition 2016 du Tour de France. / JEAN-PAUL PELISSIER / REUTERS

Le président de l’Union cycliste internationale (UCI), David Lappartient, souhaite que l’équipe Sky ne fasse pas courir son chef de file Chris Froome dans l’attente de la décision concernant son contrôle antidopage anormal de la dernière Vuelta et a affirmé redouter que l’affaire traîne en longueur, « au moins un an ».

« Sky devrait suspendre Froome. Maintenant, ce n’est pas à moi d’interférer », a déclaré le président français de l’UCI dans un entretien accordé au quotidien régional Le Télégramme à propos du cas du Britannique, quadruple vainqueur du Tour de France.

« Aux yeux du grand public, il est déjà coupable »

« Sans présager de la culpabilité du coureur, ce serait plus simple pour tout le monde. A Brailsford [son manager] de prendre ses responsabilités. Je crois d’ailleurs que c’est ce que souhaitent les autres coureurs. Ils en ont marre de l’image générale véhiculée », a estimé David Lappartient, en rappelant que le champion du monde du contre-la-montre, le Néerlandais Tom Dumoulin, avait dit que « si cela lui était arrivé, sa formation l’aurait suspendu à titre conservatoire ».

David Lappartient a précisé avoir appris le résultat du contrôle de Froome « une heure après » son élection à la tête de l’UCI, le 21 septembre : « Que le résultat soit anormal ou pas, de manière naturelle ou frauduleuse, c’est terrible. Aux yeux du grand public, il est déjà coupable. »
« Nous sommes dans le processus des experts, a expliqué le président de la Fédération internationale. C’est en tout cas à Froome de démontrer les raisons qui ont pu conduire à une telle concentration de salbutamol, la charge de la preuve lui incombe. A lui de constituer son dossier . »

« A partir de là, le Legal Anti-Doping Services [LADS] de l’UCI verra si ses arguments sont recevables. Si ce n’est pas le cas, une sanction qui peut être de deux ans lui sera proposée. S’il ne l’accepte pas, on ira au tribunal antidopage de l’UCI avec possibilité d’appel, d’un côté comme de l’autre, devant le TAS [Tribunal arbitral du sport]. On est parti pour une bagarre juridique qui va durer longtemps. Cette affaire ne va pas se régler en deux minutes. Elle peut au moins durer un an. On va traîner cela comme un boulet. »

Les AUT en question

Le président de l’UCI a déclaré « comprendre » la réaction de Romain Bardet, sceptique sur la possibilité pour Froome d’être blanchi pour le taux élevé de salbutamol (deux fois la quantité plafond) décelé dans ses analyses à la Vuelta : « Il dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. »

« Je ne suis pas contre » les AUT (autorisations à usage thérapeutique), a ajouté David Lappartient. Mais il a rappelé, pour la critiquer, la position de l’ancien entraîneur de la Sky, Shane Sutton, qui a justifié d’aller chercher un gain supplémentaire de performance par le biais des AUT : « C’est la raison pour laquelle je souhaite mettre en place une surveillance médicale indépendante au niveau de l’UCI avec un no-start [une interdiction de départ au cas où...]. Cela permettra notamment de régler le problème des corticoïdes. »

Le Monde et le quotidien britannique The Guardian avaient révélé le 13 décembre dernier que le Britannique avait subi un contrôle révélant une forte concentration en salbutamol à l’issue de la 18e étape de la Vuelta