Les législatives partielles, un test pour l’exécutif
Les législatives partielles, un test pour l’exécutif
Par Manon Rescan, Cédric Pietralunga
Les ministres et le patron de LRM, Christophe Castaner, se déploient auprès des candidats qui jouent leur réélection.
Réunion publique d’Isabelle Muller-Quoy, candidate La République en marche à la législative partielle de la 1re circonscription du Val-d’Oise. / OLIVIER LABAN-MATTEI / M.Y.O.P POUR LE MONDE
Un empilement de ballons de baudruche bleus, blancs et rouges floqués du logo d’En marche ! et quelques tee-shirts de soutien à Emmanuel Macron. La République en marche (LRM) a ressorti les gadgets de la campagne présidentielle, lundi 22 janvier, dans la salle du Dôme de Pontoise. Huit mois à peine après le scrutin et les législatives qui ont suivi, tout ou presque a changé, pourtant, pour le parti du chef de l’Etat, qui s’apprête à vivre, les dimanches 28 janvier et 4 février, ses premières législatives partielles, dans le Val-d’Oise et à Belfort.
« En juin, on faisait des réunions publiques, maintenant on fait des meetings », sourit Isabelle Muller-Quoy. Dimanche, elle sera la première députée de l’histoire de LRM à briguer sa réélection : le Conseil constitutionnel a annulé le scrutin dans sa circonscription en raison de l’inéligibilité de son suppléant. L’enseignante en droit public se voit obligée de mener la deuxième campagne politique de sa vie en seulement quelques mois.
Mais c’est une autre partie qui se joue désormais. « Novice qui s’organisait avec les moyens du bord » en juin, Mme Muller-Quoy bénéficie aujourd’hui du traitement réservé aux circonscriptions que l’on ne veut pas perdre. Christophe Castaner, le nouveau patron du parti, est venu l’accompagner mi-janvier pour une opération de tractage sur un marché. Au « meeting » de Pontoise, c’est la ministre de la santé, Agnès Buzyn, inconnue elle aussi il y a moins d’un an, qui est venue l’épauler.
La mobilisation des têtes d’affiche témoigne de la volonté du parti présidentiel de ne pas faire l’impasse sur ces partielles. Quatre autres élections vont suivre, dès le mois de mars, dans le Loiret, en Haute-Garonne, à Mayotte et à La Réunion, après des annulations par le Conseil constitutionnel. LRM a beau disposer d’une majorité confortable à l’Assemblée nationale, avec 312 députés élus en juin 2017, « il ne faut pas donner l’impression de se désintéresser des scrutins intermédiaires, car c’est là aussi que se forgera notre crédibilité à long terme », note un cadre du mouvement.
« Le but, c’est la victoire »
Même si le résultat était prévisible, les macronistes ont été surpris par leur faible score lors des élections sénatoriales de septembre 2017. Ils n’ont obtenu que 21 sièges sur les 171 qui étaient remis en jeu. De la même façon, l’écho donné à trois municipales partielles qui se sont déroulées en décembre, notamment à Orthez (Pyrénées-Atlantiques) et à Saint-Rémy-lès-Chevreuse (Yvelines), où le candidat LRM est à chaque fois arrivé en troisième position, a été vécu comme un coup de semonce à la direction du parti.
« Si ces partielles n’ont pas d’importance stratégique, on voit l’interprétation que les médias et nos adversaires peuvent en faire, met en garde un proche du chef de l’Etat. Une élection, c’est à chaque fois un rendez-vous. »
« Il ne faut pas laisser s’installer la petite musique que la présidentielle et les législatives de 2017 pourraient n’être qu’un accident », abonde un autre, alors que la prochaine échéance électorale nationale n’aura lieu qu’en mai 2019, lors des élections européennes.
Chef de la majorité, Edouard Philippe est mis à contribution. C’est lui qui trône désormais sur les affiches électorales au côté de la candidate, à la place qu’occupait jadis Emmanuel Macron. Il pourrait être invité, avec Christophe Castaner, lors d’un meeting d’entre-deux-tours. Ce choix n’est pas anodin : la circonscription de Mme Muller-Quoy était à droite depuis trente ans avant que la candidate LRM ne l’emporte sur le candidat Les Républicains, Antoine Savignat. Elle l’affrontera de nouveau dimanche et pourrait le retrouver au second tour.
« Le but de la politique, c’est la victoire »
Cette élection permettra de mesurer le capital séduction d’Emmanuel Macron auprès des électeurs de droite, auxquels il doit sa bonne tenue dans les sondages. « Maintenant on a un bilan, on n’est plus portés par la vague En marche ! », constate Mme Muller-Quoy. Tour à tour, pendant sa campagne, elle a dû justifier les décisions gouvernementales, de l’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) à la limitation de vitesse à 80 km/h sur certaines routes. Et se forcer à aller au combat face à des adversaires « qui ont le sens du raccourci ».
Reste que la faiseuse de roi sera vraisemblablement l’abstention. « La participation est particulièrement basse dans ce type d’élection – entre 20 et 30 % –, si bien que quelques dizaines de voix peuvent faire basculer le scrutin », anticipe M. Castaner, qui répète en privé que « le but de la politique, c’est la victoire ». L’abstention sera également clé dans le territoire de Belfort, où le délégué général de LRM s’est rendu jeudi pour un meeting commun avec François Bayrou, afin de soutenir le candidat du MoDem, Christophe Grudler.