Ce qu’il faut retenir du « monkeygate », nouveau scandale automobile allemand
Ce qu’il faut retenir du « monkeygate », nouveau scandale automobile allemand
Des médias américains et allemands ont révélé l’existence de tests sur des singes et des humains, financés par les principales entreprises de l’industrie automobile allemande.
L’essentiel
- Des médias américains et allemands ont révélé qu’un organisme financé notamment par Volkswagen, Daimler et BMW, avait réalisé des tests sur des singes et des cobayes humains pour mesurer les effets des gaz émis par les véhicules à motorisation diesel.
- La direction de Volkswagen a décidé, mardi 30 janvier, de suspendre le lobbyiste en chef de l’entreprise, qui a reconnu son rôle dans l’organisation de ces tests.
- De nombreux responsables politiques allemands et européens ont fustigé une pratique « immonde », « absurde » et « choquante ».
Les chiffres
Le New York Times a révélé, le 25 janvier, que le Groupe européen de recherche sur l’environnement et la santé dans le secteur du transport (EUGT), financé entre 2007 et 2017 par les constructeurs d’automobiles Volkswagen, Daimler et BMW, ainsi que par l’équipementier Bosch, avait enfermé des macaques dans une pièce pendant quatre heures et leur avait fait respirer les gaz d’échappement d’une Beetle, la successeure de la légendaire Coccinelle de Volkswagen. L’expérience a été menée en 2014. Deux ans avant, l’Organisation mondiale de la santé avait classé le diesel comme cancérogène.
Le scandale a pris une autre ampleur le 29 janvier quand la Süddeutsche Zeitung et la Stuttgarter Zeitung ont révélé que les expérimentations conduites par l’EUGT avaient aussi concerné des êtres humains, entre 2012 et 2015.
La citation
« Avec le recul, cette étude n’aurait jamais dû avoir lieu, qu’il s’agisse d’hommes ou de singes. Ce qui s’est passé n’aurait jamais dû arriver, je le regrette vraiment. »
C’est ce qu’a déclaré Thomas Steg, responsable des relations publiques et des relations avec les autorités de Volkswagen, dans le quotidien Bild, mardi. Dans ce même article, il reconnaît avoir été informé des essais menés par l’EUGT, mais assure avoir refusé qu’ils soient conduits sur des êtres humains.
Il a toutefois tenté de justifier la logique de ces tests en assurant que les adultes volontaires avaient été exposés à des « niveaux bien plus faibles que ceux constatés sur de nombreux lieux de travail » et qu’aucun d’entre eux « n’a eu de dommages ».
Il a été suspendu mardi, après les critiques du PDG de Volkswagen sur des tests « pas éthiques » et « repoussants ».
Un nouveau scandale pour Volkswagen
En septembre 2015, le numéro un mondial de l’automobile avait été contraint de reconnaître le trucage de millions de voitures, destiné à minorer les rejets d’oxyde d’azote (NO2) lors des tests d’homologation.
Le ministre des transports et de l’agriculture allemand, Christian Schmidt, a rapidement déclaré que « la confiance en l’industrie automobile [était] à nouveau écornée ». Stephan Weil, le ministre-président de Basse-Saxe, un Land actionnaire de Volkswagen, a jugé cette étude « aussi immonde qu’absurde ».
La commissaire européenne à l’industrie, Elzbieta Bienkowska, a également vivement réagi, écrivant sur Twitter que ces tests étaient « immoraux et inacceptables pour une entreprise européenne au XXIe siècle ».
Des scientifiques néerlandais ont toutefois révélé mardi qu’ils se livraient aux mêmes types de tests aux Pays-Bas et ce « depuis des années déjà ».