TV – « Réseau d’enquêtes », le nouveau magazine d’investigation de France 3
TV – « Réseau d’enquêtes », le nouveau magazine d’investigation de France 3
Par Mathieu Ait Lachkar
La chaîne diffuse ce soir le premier numéro d’un rendez-vous mensuel consacré à des sujets de proximité, produit par ses rédactions locales et diffusé sur son réseau national.
« Quelle chaîne de télévision est mieux placée que France 3 pour faire découvrir les régions et leurs villes ? » C’est par cette question que Claire Combes, déléguée à la coordination des programmes du réseau régional de France 3, justifie le nouveau programme « Réseau d’enquêtes », dont elle est par ailleurs la rédactrice en chef. Un magazine d’investigation, produit par les rédactions locales de France 3 pour une diffusion nationale qui, une fois par mois, s’attachera à un sujet de société en « hyperproximité ».
Pour ce premier numéro, consacré à « la face cachée de la pauvreté » – en France, six millions de personnes vivraient sous le seuil de pauvreté, et quatre autres millions seraient mal logées – les rédactions de France 3 PACA, Limousin, Nouvelle Aquitaine, et Paris, ont été mises à contribution.
Pour rendre compte du phénomène, le magazine présenté par Charles-Henry Boudet (lui-même présentateur en région), propose une immersion à Marseille – et notamment dans le troisième arrondissement (présenté comme le plus pauvre du pays) où des marchands de sommeil n’hésitent pas à louer des logements insalubres aux plus démunis. Des logements qui parfois, sont entourés d’immeubles qui menacent de s’effondrer.
Charles-Henry Boudet à Marseille, lors du tournage du premier numéro de « Réseau d'enquêtes ». / France Télévisions
Présent dans les grandes villes, le phénomène n’épargne pas les campagnes, ainsi que le prouve le magazine dont les équipes se sont rendues dans le Limousin, auprès de personnes âgées mal logées. Montrant que derrière les belles maisons de plain-pied, se cachent souvent des tas de ruines aux fondations branlantes.
« Réseau d’enquêtes » trouve sa matière première dans « les sujets qui ont déjà été diffusés en région », explique Claire Combes. En effet, dans ce premier numéro, toute la partie consacrée à Marseille provient à l’origine d’un reportage de vingt-six minutes sur la pauvreté, diffusé en région PACA. « Seuls les plateaux avec le présentateur sont frais », avoue la rédactrice en chef. Et d’ajouter, « le sujet était tellement fort, qu’on trouvait ça dommage qu’il soit cantonné à une seule région. »
Le nouveau magazine de France 3 puise donc ses idées dans les contenus régionaux que viennent ensuite étayer d’autres reportages. Marseille a ainsi été complété par les sujets réalisés dans le Limousin, et en Seine-Saint-Denis. L’émission fait, de surcroît, intervenir des invités susceptibles de pouvoir enrichir le propos. Pour ce premier numéro, seront présents Philippe Pujol – prix Albert Londres, en 2014, pour sa série d’articles « Quartiers shit » publiée dans le journal La Marseillaise –, et Elina Dumont, comédienne et auteure qui a longtemps vécu dans la rue. « Avec cette émission, on lève le voile, on montre des choses. Libre au téléspectateur de se faire sa propre idée. On n’est pas du tout dans la polémique, on souhaite seulement montrer une France que l’on voit peu », explique Claire Combes
« La Face cachée de la pauvreté », sur France 3.
Après « In Situ », le magazine économique présenté par Marie-Sophie Lacarrau, « Réseau d’enquêtes » semble venir renforcer la politique de mise en valeur des antennes régionales de France 3. « C’est la première fois qu’on a autant de décrochages régionaux sur France 3 national, et ça va croissant », se réjouit Claire Combes.
Depuis le 8 janvier, plusieurs magazines régionaux sont en diffusion nationale tous les matins, parmi lesquelles « 9 h 50 le matin », « Midi en France », « Les gens des Hauts », et des magazines découvertes comme « Cap sud-ouest ». Une nouvelle quotidienne d’information devrait également voir le jour d’ici mars. Concernant « Réseau d’enquêtes », le prochain numéro sera consacré à « l’instant ou nos vies bascule ». Seul regret : la programmation tardive de ses reportages.
La face cachée de la pauvreté, présenté par Charles-Henry Boudet (Fr., 2017, 52 min).