Ce qu’il faut retenir du discours de Donald Trump sur l’état de l’Union
Ce qu’il faut retenir du discours de Donald Trump sur l’état de l’Union
Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters
Le président se livrait pour la première fois à l’exercice. Il a appelé à l’unité, tentant d’esquisser des pistes de compromis avec les démocrates.
Le président Donald Trump lors de son premier discours sur l’état de l’Union, le 30 janvier. / JIM BOURG / REUTERS
« Ce soir, je veux vous parler du futur que nous allons avoir, et du type de Nation que nous allons devenir. Nous tous, ensemble, comme une seule équipe, un seul peuple et une seule famille américaine. »
Face au Congrès réuni au grand complet, le président des Etats-Unis Donald Trump a lancé, mardi 30 janvier, un appel à l’unité à l’occasion de son premier discours sur l’état de l’Union. Dans la lignée de son discours au Forum économique de Davos à la tonalité résolument pragmatique, le locataire de la Maison Blanche, coutumier des attaques personnelles et des sorties vindicatives, a adopté un ton conciliant.
- La quête de soutien bipartisan
Au plus bas dans les sondages dans un pays profondément divisé, Donald Trump a besoin d’esquisser des pistes de compromis avec les démocrates s’il veut étoffer son bilan législatif.
« Ce soir, je lance un appel en direction de tous afin que nous mettions nos divergences de côté pour trouver un terrain d’entente et réaliser l’unité que nous devons au peuple qui nous a élus pour qu’on le serve », a ainsi déclaré le président.
Les élus du Congrès ont jusqu’à la date butoir du 8 février pour s’entendre sur les questions budgétaires afin d’éviter un deuxième « shutdown ».
- La question de l’immigration
Alors que budget et immigration sont deux sujets a priori distincts qui sont étroitement corrélés depuis quelques mois, le président a accordé à cette seconde thématique une bonne place dans son discours.
« Ce soir, je tends la main aux élus des deux partis, démocrates comme républicains, pour protéger nos citoyens, quelles que soient leurs origines, leur couleur de peau ou leur religion. »
Le locataire de la Maison Blanche a longuement fustigé « les frontières ouvertes » ayant coûté de « nombreuses vies innocentes ».
« Pendant des décennies, les frontières ouvertes ont permis à la drogue et aux gangs de déferler sur nos communautés les plus vulnérables. Elles ont permis à des millions de travailleurs mal payés d’entrer en concurrence pour les emplois et les salaires avec les Américains les plus pauvres. »
Depuis quelques jours, l’administration a évoqué une voie d’accès à la citoyenneté pour 1,8 million de sans-papiers si l’opposition accepte de débloquer 25 milliards de dollars pour la plus emblématique des promesses de campagne du milliardaire : la construction d’un mur à la frontière du Mexique.
- Un grand plan d’infrastructures
Le président a aussi demandé au Congrès d’appuyer un plan d’investissement d’au moins 1 500 milliards de dollars pour développer les infrastructures aux Etats-Unis, une autre de ses promesses de campagne.
« Nous allons construire de nouvelles routes étincelantes, des ponts, des autoroutes, des voies ferrées et des voies navigables travers le pays. »
- La bonne santé économique
Le président Donald J. Trump au premier plan. Le vice-président Mike Pence (à gauche) et le président de la Chambre des représentants Paul Ryan (à droite), lors du discours sur l’état de l’Union, le 30 janvier. / WIN MCNAMEE / GETTY / AFP
Au-delà de la mise en avant de chiffres de croissance encourageants (2,3 % en 2017 contre 1,5 % en 2016), le républicain, chantre de la dérégulation, a mis en exergue les bons chiffres de l’emploi.
« Pendant des années, les entreprises et les emplois nous quittaient. Aujourd’hui, ils reviennent. »
Mettant en avant « la plus grande réforme fiscale de l’histoire américaine », il a insisté sur l’impact concret de cette dernière. « Depuis que nous avons voté les baisses d’impôts, quelque 3 millions de travailleurs ont déjà reçu des bonus liés à ces dernières, des milliers de dollars pour nombre d’entre eux », a-t-il lancé.
- La lutte contre l’organisation Etat islamique
Le président a estimé qu’il reste « beaucoup à faire » pour vaincre totalement le groupe Etat islamique (EI). « Je suis fier de pouvoir dire que la coalition pour défaire l’EI a libéré quasiment 100 % du territoire occupé par ces tueurs en Irak et en Syrie. (…) Nous allons poursuivre notre combat jusqu’à ce que l’EI soit défait. »
Déplorant que les Etats-Unis aient relâché plusieurs terroristes, M. Trump a annoncé avoir signé un décret pour laisser ouverte la prison de Guantanamo. « Aujourd’hui, je tiens une autre promesse » de campagne, a souligné le républicain :
« Je viens juste de signer un décret ordonnant [au ministre de la défense Jim Mattis] de réexaminer notre politique d’incarcération militaire et de maintenir ouvertes les installations carcérales de Guantánamo Bay. »
- Sur la politique internationale
Les pays « rivaux » des Etats-Unis « comme la Chine et la Russie » menacent « nos intérêts, notre économie et nos valeurs », a déclaré Donald Trump, jugeant que face à eux « la faiblesse est la voie la plus sûre vers le conflit ». Pour assurer la « puissance » de Washington, le président américain a demandé au Congrès de voter les crédits nécessaires pour l’armée américaine, notamment pour « moderniser et reconstruire notre arsenal nucléaire » afin de « le rendre si fort et si puissant qu’il dissuadera toute agression ».
Le locataire de la Maison Blanche a par ailleurs dénoncé les régimes communistes de Cuba et du Venezuela, a fustigé l’accord nucléaire iranien et longuement critiqué la « dictature cruelle de la Corée du Nord ». Il a mis en garde contre « la complaisance et les concessions » face à la menace nucléaire nord-coréenne, promettant de « ne pas répéter les erreurs des précédentes administrations qui nous ont mis dans cette situation très dangereuse ».