Face au scandale, le cinéma se choisit des sous-titres
Face au scandale, le cinéma se choisit des sous-titres
M le magazine du Monde
Pour échapper à la censure ou déjouer les polémiques, plusieurs films ont changé de nom. Dernier en date, un film indien qui attise la fureur des fondamentalistes.
Le film indien Padmavati, qui raconte l’histoire d’amour d’une princesse hindoue et d’un musulman, a dû gommer la référence au personnage historique de son titre pour apaiser la fureur des extrémistes. Ce n’est pas la première fois qu’un long métrage est rebaptisé pour couper court à une polémique.
2018. Trop controversé
Une manifestation contre « Padmavati », le 12 janvier à Bombay. / RAJANISH KAKADE/AP
Padmavati n’était pas encore sorti en Inde qu’il faisait déjà scandale. La saga bollywoodienne décrit l’amour d’une princesse hindoue et d’un musulman et a causé la fureur des extrémistes hindous. Manifestations, menaces de mort sur l’actrice… À sa sortie, le 25 janvier, son titre a été changé en Padmaavat, référence au poème soufi du même nom, et non au personnage historique. Ce qui n’a pas suffi à calmer les esprits.
2016. Trop sexuel
Le prénom de l’héroïne Disney Moana rappelle une ancienne star du X. / WALT DISNEY ANIMATION STUDIOS/WALT DISNEY PICTURES/COLLECTION CHRISTOPHEL
Aux Etats-Unis, le cru Disney 2016 s’intitulait Moana, comme l’héroïne, une princesse polynésienne. En Italie, le film est sorti sous le titre d’Oceania, car le nom Moana évoque, pour un public plus adulte que celui ciblé, Moana Pozzi, actrice de films X morte en 1994. En France, comme dans d’autres pays européens, le film s’est cette fois appelé Vaiana, Moana étant un nom de marque déposé.
2015. Trop connoté
En France, le titre original de « Back Home » pouvait choquer, peu après les attentats du 13 novembre 2015. / MOTLYS/MEMENTO FILMS PRODUCTION/NIMBUS FILM PRODUCTIONS/COLLECTION CHRISTOPHEL
Le 9 décembre sortait en en France Back Home, du Norvégien Joachim Trier, avec Isabelle Huppert et Gabriel Byrne, sur une famille américaine en deuil. Mais, dans le monde entier, le même film portait le nom de Louder than Bombs, sous lequel il avait été sélectionné à Cannes. Le titre avait été changé en France par le distributeur, Memento, pour éviter toute ambiguïté à la suite des attentats du 13 novembre.
1960. Trop sacrilège
La Société des gens de lettres n’a pas apprécié que Roger Vadim appelle son film de 1959 « Les Liaisons dangereuses ». / RUE DES ARCHIVES/DILTZ
En 1959, Roger Vadim est encore auréolé du scandale de Et Dieu… créa la femme (1956). Quand il adapte Les Liaisons dangereuses, avec Jeanne Moreau et Gérard Philipe, c’est la bronca. La Société des gens de lettres estime devoir défendre Choderlos de Laclos. Deux semaines après la sortie, le 9 septembre 1959, la justice rebaptise le film Les Liaisons dangereuses 1960.
1932. Trop violent
« Scarface », d’Howard Hawks, accusé de glorifier la violence, a dû adopter un sous-titre sans ambiguïté. / RUE DES ARCHIVES/BCA
En 1932, Howard Hawks décrit le destin tragique d’un gangster balafré, Scarface. Mais l’autorité de censure hollywoodienne, chargée du respect du code Hays, estime que le film glorifie la violence. Le film doit être distribué avec ce sous-titre : « La honte de la nation ». Cinquante ans plus tard, la censure n’existe plus et Brian De Palma peut baptiser son remake Scarface, tout simplement.