En Suède, « cela me fait énormément de bien d’étudier de façon différente »
En Suède, « cela me fait énormément de bien d’étudier de façon différente »
Par Claire Ané
Léo Myoux souhaitait effectuer un échange universitaire dans « un pays qui change vraiment ». Et apprécie beaucoup ses débuts en Erasmus à Stockholm.
Léo Myoux est parti à l’université de Stockholm, en Suède, pour terminer sa L2 d’histoire commencée à l’université de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Voici son témoignage :
Je suis arrivé en Suède en janvier, neuf mois après avoir commencé à faire mon dossier pour étudier à l’étranger. Je voulais partir loin, dans un pays qui change vraiment de la France, et j’ai hésité dans un premier temps à aller au Canada. Mais le budget était largement supérieur à celui d’un séjour Erasmus, et je n’avais accès à aucune bourse.
La Suède m’a semblé un bon compromis, avec une culture, un climat et un mode de vie différents des nôtres. il fait nuit noire aux alentours de 15 heures en janvier ! Et j’avais en tête des idées de possibles voyages en Laponie pour voir les fameuses aurores boréales.
Côté budget – un aspect très important à prendre en compte avant le départ –, le coût de la vie en Suède est un peu plus cher que la moyenne européenne. J’ai cependant eu la possibilité de toucher une bourse d’aide à la mobilité, après avoir pris contact avec le personnel de l’université.
Un voyage en avion et d’importantes démarches administratives plus tard, j’ai récupéré les clés de ma chambre étudiante à Lappis, un quartier-campus très vivant à même pas dix minutes de marche de l’université de Stockholm. Les démarches étaient plutôt simples mais stressantes : le « Housing Office » de l’université ne garantit pas d’obtenir une chambre. Il fallait faire des choix parmi trois zones proposées, et l’ami avec lequel je suis parti n’a finalement pas eu la sienne au même endroit que moi. Mon logement me coûte environ 1 800 euros pour six mois et est parfait pour les besoins d’un étudiant : il y a une douche individuelle, des machines à laver et sèche-linges à coté de mon bâtiment… Après un tour à l’Ikea le plus proche, je me suis vraiment senti comme chez moi. Seul point qui pourrait éventuellement déplaire à certains : la cuisine est commune. Cependant, c’est le centre névralgique pour les rencontres. Les gens sont obligés de se côtoyer, et cela m’a permis de très vite socialiser avec des d’étudiants de tous les pays.
Avec les autres étudiants internationaux, environ 400 élèves, nous avons été accueillis chaleureusement à travers un « Orientation Day ». C’était vraiment plaisant de voir le personnel de la faculté s’investir pour nous mettre à l’aise, et nous présenter clairement l’université. Le « Students’ Union » avait organisé une semaine spéciale, avec visites du campus, speed friending (sorte de speed dating pour se faire des amis), pauses fikas (une pause-café institutionnelle en Suède), et bien sûr une grande soirée d’intégration où tout le monde était convié. Je conseille vraiment de participer à toutes les activités imaginables pour se faire le plus d’amis possibles dès le début et profiter au maximum de son séjour Erasmus. Le pire à faire étant de rester à son appartement en regardant des séries, sans profiter pour faire de nouvelles rencontres. Je dois d’ailleurs dire que les amis qu’on se fait au début sont souvent ceux que l’on côtoie le plus durant le séjour. On retrouve un beau « melting-pot », même si les nationalités les plus représentées sont, dans l’ordre, les Allemands, les Français et les Chinois.
Après toutes ces activités, je suis rentré directement dans le vif du sujet, avec les premiers cours, qui sont en anglais. J’ai essayé de choisir des matières contemporaines, car je souhaite continuer mes études en licence de droit mention administration publique à l’université Paris-II Panthéon-Assas, avec en tête la possibilité d’intégrer le master d’administration publique à Sciences-Po Paris : je suis ainsi un cours intitulé « Crisis of Empire », qui se situe après la première guerre mondiale, un cours d’Histoire moderne et un cours sur l’islamisme et l’ethno-nationalisme au Moyen-Orient.
Les cours à l’université sont divisés en trois : la partie cours, au début, dure environ 1 heure. Puis, le professeur nous interroge sur les lectures de la semaine. Enfin, on regarde un extrait de film pour illustrer le cours qui peut terminer en débat, souvent animé. Soit dit en passant, je souligne l’excellent niveau en anglais des Suédois. Cela me fait énormément de bien d’étudier de façon différente qu’en France. La relation avec les enseignants n’est pas non plus la même : l’élève est considéré comme l’égal de son professeur et peut se permettre d’exprimer son désaccord s’il le fait de façon intelligente. C’est déstabilisant de prime abord, mais finalement plutôt agréable de pouvoir discuter de façon simple et décontractée sur un sujet donné comme notre vision de la guerre, des relations internationales ou du terrorisme.
Pour ce qui s’agit du volume de cours, je ne suis vraiment pas surchargé, avec deux à dix heures de classe par semaine. Cependant, c’est là tout le piège, en Suède il faut un investissement individuel conséquent, à la fois pendant et en dehors des cours. Le professeur attend que vous participiez à l’oral pour montrer votre intérêt. Il y a aussi beaucoup de documents et d’ouvrages à étudier pour ensuite les synthétiser dans une « review » à rédiger avant chaque cours. On peut vite être débordé si on a du mal à s’organiser.
J’ai par ailleurs profité de la possibilité de prendre des leçons de suédois pour débutants. Cela permet de s’imprégner de la culture du pays un peu plus facilement et de briser la barrière de la langue, surtout qu’il est vraiment difficile d’entrer dans le cercle d’amis des Suédois : si je les fréquente en cours, ce n’est pas le cas en dehors de l’université. En plus, ça ajoute un côté insolite au C.V : avoir des notions d’une langue rare permet peut-être de se démarquer dans la recherche d’un emploi.
L’expérience Erasmus est une vrai bouffée d’air frais, avec un nouveau rythme à prendre, des cours en anglais et une vie éloignée de ses proches pendant un certain temps. C’est vraiment un bonheur de devoir se gérer tout seul dans un pays étranger et se prouver à soi-même qu’on en est capable. On peut ajouter au cadre scolaire des rencontres, des opportunités magiques (de mon côté, voyage à Oslo, dans les pays Baltes ou en Russie…), des soirées inoubliables et une leçon de vie mémorable. Je conseille à tout le monde ce type d’échange qui est une vraie opportunité sur le plan des études comme sur le plan humain.