« On peut très bien intégrer une classe prépa avec 12 de moyenne générale »
« On peut très bien intégrer une classe prépa avec 12 de moyenne générale »
Par Claire Ané
Les réponses du président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques, Mickaël Prost, aux questions des internautes du « Monde ».
Le lycée du Parc, à Lyon, accueille également des classes préparatoires – ici en janvier 2012. / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Comment faire ses vœux d’orientation en classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) sur la plate-forme Parcoursup, qui a succédé à Admission post-bac ? Les réponses de Mickaël Prost, président de l’Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques, lors d’un tchat « Tout savoir sur la prépa (et augmenter ses chances d’être pris) » sur Le Monde Campus. Nous publierons ce week-end la suite de ses réponses, portant sur le déroulé des années de prépa elles-mêmes.
Avec Parcoursup, allez-vous changer votre méthode de sélection des élèves ?
Le système va être relativement proche de celui d’APB : entre avril et mai, les professeurs de classes préparatoires recevront des dossiers de candidature, constitués des bulletins de 1re et de terminale, des notes aux épreuves anticipées du bac et de la nouvelle pièce maîtresse, la fiche Avenir. Celle-ci comportera pour chaque vœu formulé par un candidat l’avis du conseil de classe, et, c’est une nouveauté, différents éléments d’appréciation, tels que l’autonomie ou les méthodes de travail.
Concrètement on est sûr d’être pris en prépa avec combien de moyenne générale en terminale ? De plus, combien faut-il pour entrer en prépa dites « très bonne, bonne et moyenne » ?
Les professeurs de classes préparatoires vont privilégier les élèves dont les connaissances et les compétences semblent solides, et pour lesquels les résultats sont réguliers et équilibrés. Il faut savoir que les critères ne sont pas uniformes, ils dépendent en partie du niveau de sélectivité de chaque établissement. Il ne s’agit pas que d’une question de notes, comme on l’entend souvent : on peut très bien intégrer une classe prépa avec 12 de moyenne générale. Les notes ne sont qu’un élément d’appréciation parmi d’autres, certains critères sont moins subjectifs, comme les appréciations des professeurs ou le positionnement au sein de la classe. Une étude fine est réalisée pour chaque candidature, et permet de savoir si le profil du candidat est en adéquation avec les exigences de la prépa demandée.
Quels sont les points à aborder absolument dans notre lettre de motivation pour entrer en classe prépa ? Et dans le CV ?
Aucune lettre de motivation ni CV ne sont attendus, sauf à de rares exceptions près (dans des structures privées principalement). Les professeurs s’appuient sur le dossier scolaire. On peut cependant préciser quelques points supplémentaires dans le « projet de formation motivé », qui sera également consulté.
Si on demande 5 prépas MP [mathématiques-physique] dans la même ville, ça compte bien pour un seul vœu ?
Un vœu d’orientation correspond au choix d’une filière, par exemple MPSI [mathématiques, physique et sciences de l’ingénieur], PCSI [physique, chimie, sciences de l’ingénieur], PTSI [physique, technologie et sciences de l’ingénieur] ou BCPST [biologie, chimie, physique et sciences de la Terre] pour les classes préparatoires scientifiques. Pour chaque filière, vous pouvez sélectionner jusqu’à dix établissements, partout en France, sous forme de sous-vœux, dans la limite de vingt sous-vœux toutes formations confondues. Je vous encourage à sélectionner un nombre suffisant d’établissements pour augmenter vos chances d’intégrer une classe prépa. Inutile de vous autocensurer.
Notre site prepas.org liste l’ensemble des établissements accueillant des classes prépas scientifiques ainsi que les dates de leurs journées portes ouvertes. Leurs professeurs vous guideront volontiers pour formuler les vœux les plus adaptés à votre profil.
Si on veut absolument une prépa, est-ce que la demander en externe et en interne, c’est augmenter ses chances que son dossier soit retenu ?
Non, les critères d’admission sont d’ordre académique et pédagogique. A savoir, sur Parcoursup, demander par exemple une PCSI au lycée A. avec internat et sans internat compte pour un seul vœu.
Que conseillez-vous à un élève de terminale S vivant en province entre partir dans une « grande prépa » parisienne ou choisir une prépa un peu moins bonne mais plus proche de chez soi ?
Il faut avant tout trouver un lycée dans lequel on se sentira bien pour donner le meilleur de soi-même. Rester dans un cadre familier, dans le prolongement du lycée, peut sécuriser certains étudiants. D’autres souhaiteront s’évader, tout dépend de ses envies ! Les bonnes questions à se poser sont les suivantes : dans quel contexte réussirez-vous le mieux ? En prépa, la dynamique de classe joue un rôle déterminant dans la réussite et la mise au travail de chacun. Avez-vous plutôt besoin d’être rassuré ou d’un peu plus d’émulation ? Vous trouverez des lycées assez sélectifs, tout comme de plus petites structures ailleurs qu’en région parisienne.
Comment seront évaluées les notations, dont la sévérité dépend des établissements ?
Nous savons que les notes peuvent différer fortement d’un établissement à un autre, c’est pour cette raison que ces éléments subjectifs nécessitent d’être contextualisés à l’aide d’informations supplémentaires, comme le niveau estimé de la classe, information qui figurera sur la fiche Avenir. Encore une fois, les appréciations des professeurs et avis du chef d’établissement seront un outil précieux lors de l’examen des dossiers.
Le déménagement des parents pour des raisons professionnelles (juillet 2018) est-il pris en compte de manière certaine pour pouvoir postuler dans une autre académie que celle du bac ?
Il n’y a pas de critère géographique pour les classes préparatoires. Vous pouvez ainsi postuler dans toutes les CPGE [classes préparatoires aux grandes écoles] de France.
Si on vise une prépa de manière prioritaire, comment gérer d’éventuelles autres réponses positives avant d’avoir reçu la réponse de celle-ci ? Faut-il éliminer des « oui », au risque de ne rien avoir ?
Dans le nouveau dispositif, il ne s’agit que d’éliminer les « oui » en doublons. Il n’y a donc aucune chance de perdre une réponse positive si on indique vouloir la conserver. Il faut bien penser à reconfirmer ses vœux où l’on est « en attente », pour ne pas les perdre.
Comme les vœux ne sont plus ordonnés, est-ce que les élèves qui ne sont pas « excellents » ne vont pas attendre tout l’été une réponse ?
Il y a des chances qu’il y ait un peu d’embouteillage les premiers jours, avec des candidats ayant des vœux en classes prépas « en attente ». Mais les simulations qui ont été effectuées par le ministère montrent que la convergence d’attribution des places en classes préparatoires devrait être plutôt rapide. Croisons les doigts. Il faut savoir que les dossiers reçus sont extrêmement nombreux, mais qu’il faut relativiser. En effet, un élève peut postuler dans vingt établissements différents (en choisissant deux filières), ce qui veut dire que 100 élèves peuvent postuler dans 2 000 établissements. Cela représentera donc 2 000 dossiers reçus alors que ces élèves n’occuperont finalement que 100 places. Il ne faut donc pas se décourager en regardant le nombre de dossiers reçus l’an dernier. Les chances d’obtenir au moins une réponse positive sont très élevées. Mais là encore, il est important d’élargir au maximum sa liste de candidatures.
« Le Monde » aide les jeunes à s’orienter vers les études supérieures
Pour aider les 16-25 ans, leurs familles et les enseignants à se formuler les bonnes questions au moment d’effectuer les voeux d’orientation, Le Monde organise les conférences O21/s’orienter au 21e siècle, à Nantes (16 et 17 février 2018), Bordeaux (2 et 3 mars 2018) et Paris (17 et 18 mars 2018), après Nancy (1er et 2 décembre) et Lille (19 et 20 janvier).
A consulter également, notre rubrique Le Monde Campus, et tout particulièrement ses sous-rubriques O21, Etudes supérieures et Parcoursup APB.