Numérique, commerce, recherche… Ces secteurs qui recrutent et manquent de femmes
Numérique, commerce, recherche… Ces secteurs qui recrutent et manquent de femmes
Propos recueillis par Eric Nunès
Michel Tardit, coordinateur du guide « Ces secteurs qui recrutent », détaille dans un entretien au « Monde » les métiers qui recherchent des talents féminins.
L’informatique numérique, les commerciaux et la recherche et développement sont trois secteurs qui cherchent de nouveaux talents féminins. / Alain Bachellier (CC BY-NC-ND 2.0)
Seuls 17 % des métiers sont mixtes sur le marché du travail en France – un métier est dit mixte lorsque les femmes et les hommes représentent une part comprise entre 40 % et 60 % des effectifs. Partant de ce constat, le Centre d’information et de documentation jeunesse (CIDJ) a analysé la place des femmes dans son guide 2018 Ces secteurs qui recrutent. Quels sont ces secteurs ? Et quelle orientation choisir pour s’assurer de prendre un tremplin vers l’emploi ? Entretien avec Michel Tardit, coordinateur du guide.
Quels sont les métiers très qualifiés où les femmes sont majoritaires ?
Michel Tardit : Il y a dans l’enseignement une surreprésentation des femmes. Elles représentent 84 % des professeurs des écoles et 59 % des enseignants dans le secondaire. Toutefois, elles ne sont plus que 39 % dans le supérieur. Les femmes sont également très présentes dans les métiers de la santé, elles représentent ainsi 87 % des infirmiers. L’évolution de la population des médecins va également vers une féminisation. Au vu du nombre de femmes en formation et le nombre de jeunes femmes médecins, d’ici à 2021, cette profession devrait compter plus de femmes que d’hommes.
Les femmes sont également majoritairement présentes dans l’encadrement de fonctions de gestion et administration des entreprises. S’il y a une mixité des cadres administratifs aujourd’hui, d’ici à 2022, les femmes seront majoritaires et représenteront 57 % des effectifs dans un secteur où il existe de bonnes perspectives de recrutement.
Certains secteurs, aujourd’hui occupés par une majorité d’hommes, recrutent beaucoup et cherchent à se féminiser. Lesquels ?
L’informatique numérique, les commerciaux et la recherche et développement sont trois secteurs qui cherchent de nouveaux talents.
L’informatique numérique, très largement masculine (plus de 70 % des effectifs) a du mal à recruter des ingénieurs en informatique alors que c’est le premier secteur recruteur de cadres. Les femmes peuvent avoir de nombreuses opportunités.
La fonction commerciale est également en tension et les recrutements sont volumineux. L’Association pour l’emploi des cadres (APEC) recensait 20 000 projets de recrutement en 2017 dans le secteur du commerce ; les hommes y sont majoritaires, mais les jeunes femmes issues de grandes écoles de commerce seraient aujourd’hui davantage recrutées selon l’enquête d’insertion de la Conférence des grandes écoles de 2017. D’ici à 2022, 200 000 postes seraient à pourvoir, dont 80 000 créations d’emplois.
Dans la recherche et développement, les femmes sont davantage présentes dans la recherche publique (40 %) que dans les entreprises privées (22 %) – là aussi il y a des places à prendre pour les jeunes femmes.
Globalement, quand on observe qu’il existe plusieurs secteurs qui prévoient d’importants volumes de recrutement et que les femmes sont mieux diplômées que les hommes comme le montrent des enquêtes d’insertion, cela doit interroger les entreprises dans leur stratégie de recrutement, mais également les jeunes et leurs familles dans leurs réflexions et choix d’orientation.
A l’inverse, certains métiers qui recrutent beaucoup sont essentiellement féminins…
Les secteurs qui recrutent massivement des femmes, mais pour des postes peu qualifiés, sont ceux des services à la personne et de la santé, où près de 100 % des salariés sont des femmes. Les métiers sont ceux d’aide à domicile, d’aide-soignant ou d’agent de service hospitalier. Les femmes actuellement sur ces postes sont souvent âgées et peu diplômées. Ces secteurs manquent d’attractivité et ont du mal à attirer des jeunes alors qu’il existe des besoins de recrutement importants en raison de départs massifs à la retraite et de l’évolution de la société, avec notamment le vieillissement de la population et la nécessité d’accompagnement qu’il entraîne.
Est-ce que les besoins sur ce type de métiers ont pour conséquence une hausse des salaires proposés à l’embauche ?
Les salaires restent globalement bas. Beaucoup de ces métiers sont exercés à temps partiel, notamment dans les services à la personne. En effet, les aides à domicile ont plusieurs employeurs et doivent souvent se déplacer : il est donc difficile d’avoir un temps plein, bien que ces personnes soient payées sur la base du smic horaire. En ce qui concerne les agents hospitaliers, ils sont également payés sur la base du salaire minimum.