Torture en Algérie : Jean-Marie Le Pen dément une nouvelle fois
Torture en Algérie : Jean-Marie Le Pen dément une nouvelle fois
Par Lucie Soullier
Dans ses « Mémoires » à paraître le 28 février, le cofondateur du Front national défend l’utilisation de la torture mais assure n’y avoir jamais eu recours.
Jean-Marie Le Pen a-t-il torturé pendant la guerre d’Algérie ? Le cofondateur du Front national dément, à nouveau, dans ses Mémoires (éditions Muller), à paraître mercredi 28 février.
Il disait dans le journal Combat du 9 novembre 1962 : « Je n’ai rien à cacher. Nous avons torturé en Algérie parce qu’il fallait le faire. » Et commente aujourd’hui : « le “nous” désigne l’armée française, dont je suis solidaire, non pas moi et mes camarades, qui n’étions nullement chargés, je le répète, des interrogatoires spéciaux. » Ce qui ne l’empêche pas de défendre la pratique dans les pages de son manuscrit et les hommes qui y ont eu recours :
« Oui, il y a eu des interrogatoires spéciaux, musclés (…). On a parlé de torture. On a flétri ceux qui l’avaient pratiquée. Il serait bon de définir le mot. Qu’est-ce que la torture ? Où commence-t-elle, où finit-elle ? Tordre un bras, est-ce torturer ? Et mettre la tête dans un seau d’eau ? L’armée française revenait d’Indochine. Là-bas, elle avait vu des violences horribles qui passent l’imagination et font paraître l’arrachage d’un ongle pour presque humain (…). Alors oui, l’armée française a bien pratiqué la question pour obtenir des informations durant la bataille d’Alger, mais les moyens qu’elle y employa furent les moins violents possibles. Y figuraient les coups, la gégène [torture électrique] et la baignoire, mais nulle mutilation, rien qui touche l’intégrité physique. »
Et d’ajouter plus loin : « Il est plus que ridicule, il est pervers, il est profondément immoral de jeter l’opprobre sur des hommes qui ont le courage d’utiliser sur ordre, pour obtenir le renseignement qui sauvera des civils, des méthodes brutales qui leur pèsent, qui leur coûtent. Ils sauvent des innocents, des entreprises de professionnels volontaires de l’assassinat le plus lâche et le plus horrible. »
Le Canard enchaîné écrivait en 1984 que Jean-Marie Le Pen avait participé à des actes de torture pendant la guerre d’Algérie. En 1985, Libération titre à sa « une » : « Torturés par Le Pen ». En 2000, puis en 2002, Le Monde publiait une série de témoignages sur la façon dont Jean-Marie Le Pen a contribué à mettre en œuvre la « torture à domicile », au premier trimestre 1957 en Algérie. M. Le Pen entama une procédure en justice contre le deuxième volet de cette enquête, mais il a été débouté en première instance et en appel. Son pourvoi en cassation a été rejeté.