Pic de chaleur en Arctique avec des températures 30 degrés au-dessus des normales saisonnières
Pic de chaleur en Arctique avec des températures 30 degrés au-dessus des normales saisonnières
Le Monde.fr avec AFP
Ce pic de chaleur est lié à la vague de froid qui touche actuellement l’Europe, selon un prévisionniste de Météo-France.
Alors que l’Europe est touchée par une vague de froid tardive, le pôle Nord a connu un pic de chaleur avec des températures 30 degrés au-dessus des normales saisonnières, un phénomène exceptionnel qui s’inscrit sur fond de réchauffement de l’Arctique.
Le thermomètre a affiché jusqu’à − 35 °C dans certaines régions du centre de la Russie dimanche, − 12 °C en Pologne ou encore − 10 °C dans l’est de la France. Pendant ce temps, le pôle Nord enregistrait des températures positives grâce à des vagues d’air doux. « On estime qu’il fait à peu près zéro degré Celsius au niveau du pôle Nord », a expliqué mardi 27 février Etienne Kapikian, prévisionniste chez Meteo-France.
Ce pic de « douceur » est « directement lié » à la vague de froid en Europe, a-t-il ajouté. Il s’est produit « une situation de blocage anticyclonique sur le nord de la Scandinavie (...) avec une remontée d’air doux de l’Islande vers le pôle Nord d’un côté et de l’autre côté de l’anticyclone, des descentes d’air froid de l’Oural et de la Russie occidentale vers l’Europe de l’Ouest », selon le prévisionniste.
6,2 degrés au Groenland
Pour avoir une mesure plus précise, il faut aller à l’extrême nord du Groenland, où « on a relevé dimanche 6,2 °C », ajoute Etienne Kapikian. « C’est une valeur exceptionnelle, à peu près 30 °C au-dessus des normales de saison, voire 35 °C pour cette mesure très précise », poursuit-il.
Un épisode exceptionnel mais désormais plus récurrent : « Des températures positives près du pôle Nord en hiver ont été relevées quatre fois entre 1980 et 2010 (...) Elles ont à présent été relevées au cours de quatre des cinq derniers hivers », explique à l’AFP Robert Graham, climatologue à l’Institut polaire norvégien.
« On a un hiver exceptionnel sur l’Arctique, l’hiver précédent l’avait déjà été et on ne prend pas trop de risque en disant que le suivant le sera. (...) La tendance de fond est très claire (...) c’est le réchauffement de l’Arctique », renchérit Etienne Kapikian.
La banquise se réduit
Ce phénomène est-il pour autant attribuable au dérèglement global du climat ? « Il est difficile de dire qu’un événement est lié au réchauffement climatique. Mais cette tendance que nous voyons, un Arctique chaud, un continent froid, peut être liée au changement climatique », répond Marlene Kretschmer, climatologue à l’Institut de Potsdam pour la recherche sur le changement climatique.
Ces épisodes de hausse des températures ne sont pas une bonne nouvelle pour la banquise, dont la surface n’a jamais été aussi réduite pour la saison depuis le début des mesures il y a plus de cinquante ans.
Autour de l’archipel norvégien de Svalbard, à l’est du Groenland, la surface de glace mesurée lundi était de 205 727 km2, soit moins de la moitié de la superficie moyenne sur la période 1981-2010, selon des données norvégiennes. De façon plus globale, les climatologues estiment probable de voir l’océan Arctique libre de glace d’ici à 2050 pendant l’été.