Un étudiant de la HES de Suisse occidentale sur le chantier d’une ville éphémère, construite pour le Paléo Festival Nyon, en juillet 2012. / FABRICE COFFRINI / AFP

« Les hautes écoles spécialisées (HES) sont la pépite suisse », n’hésite pas à dire François Garçon, maître de conférences franco-suisse à l’université Paris-I et auteur en 2014 de Formation : l’autre miracle suisse (Presses polytechniques et universitaires romandes). De fait, ces établissements d’enseignement supérieur créés il y a une vingtaine d’années ont le vent en poupe.

Lors de la dernière rentrée scolaire, environ 75 000 étudiants ont opté pour une HES, contre 150 000 pour une université. Selon des projections à l’horizon 2025, établies par l’Office fédéral de la statistique, les HES verront leurs effectifs grimper de 13 %, tandis que ceux des universités marqueront le pas.

Une formation universitaire et pratique

Leur vocation était de donner aux titulaires d’une « maturité professionnelle » (l’équivalent du bac pro français) la possibilité de faire des études supérieures avec un même niveau de reconnaissance que les universités (bachelor et master), mais avec une formation beaucoup plus pratique.

« Les HES ont revalorisé l’apprentissage, elles ont permis d’apporter une ouverture vers une université appliquée. Même si un jeune choisit la voie professionnelle, il a toujours la possibilité d’aller en HES », explique Brigitte Bachelard, française, directrice de la HE-Arc, située à Neuchâtel, et dont les effectifs (1 670 étudiants en 2016) ont quasiment doublé en dix ans. A ce jour, il en existe une soixantaine, réparties sur tout le territoire.

En phase avec les besoins économiques locaux

Les HES ayant notamment été pensées pour répondre aux attentes des PME, très présentes en Suisse, leurs formations (dans les domaines techniques, mais aussi en économie et services, santé, design, arts, musique…) sont orientées en fonction des besoins économiques des régions dans lesquelles elles se trouvent. « Dans les HES, les formations s’adaptent en permanence », relève Valérie Isabel, consultante française en ressources humaines au sein du cabinet Finders.

Si elles s’adressent avant tout à des titulaires d’une maturité professionnelle, les HES comptent dans leurs effectifs environ 25 % de jeunes avec une « maturité gymnasiale » (l’équivalent du bac général). Seule condition pour ces derniers avant de pouvoir s’inscrire dans l’une de ces universités de métiers : faire une année de formation professionnelle. D’autres y arrivent après un échec à l’université ou à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, où le niveau en maths est extrêmement exigeant.

Employables dès le bachelor

La plupart des étudiants des HES arrêtent après le bachelor et entrent directement sur le marché du travail. « Nos étudiants sont directement employables après un bachelor », souligne Yann Thoma, professeur d’informatique embarquée à la Haute Ecole d’ingénierie et de gestion du canton de Vaud.

« Les jeunes qui sortent d’une HES trouvent plus facilement du travail que ceux qui sortent de l’université », confirme Brigitte Bachelard. Selon un rapport de l’Office fédéral de la statistique sur les perspectives de la formation, ils gagnent également en moyenne plus que les universitaires, à diplôme équivalent, et sont 38 % à avoir des postes à responsabilité cinq ans après l’obtention de leur diplôme, contre 26 % pour les universitaires.