De l’avis général, Frances McDormand n’a pas volé son Oscar de meilleure actrice, attribué dimanche 4 mars pour sa performance dans 3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance. Elle se l’est, en revanche, fait subtiliser lors de la fête qui a suivi la remise des prix. Le Governors Ball, la soirée officielle post-cérémonie, bat son plein quand la comédienne décide de se délester de son trophée, qu’elle pose sur une table, pour converser avec les convives, tout en se gobergeant de « macaroni and cheese ».

Il faut dire que le discours qu’elle a prononcé, au moment de recevoir l’Oscar, est sur toutes les lèvres. « Messieurs, nous avons toutes des histoires à raconter et des projets à financer », avait-elle déclaré, dans un état d’« hyperventilation », sur la scène du Dolby Theater, après avoir incité toutes les nommées à l’Oscar à se lever. Prônant la mise en place de « clauses d’inclusion » dans les contrats de films, qui visent à introduire davantage de parité et diversité, elle avait joué la carte de l’ouverture : « Invitez-nous à venir en parler, peut-être pas ce soir lors de la fête, mais ces prochains jours dans vos bureaux vous pouvez aussi venir dans les nôtres ! »

Oscars : Qu'est-ce que la "clause d'inclusion" de Frances McDormand ?
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Ni une, ni deux, ni trois : un invité nommé Terry Bryant Djmatari, dont nul ne sait à ce jour ce qu’il faisait au Governors Ball, profite de l’aubaine. En habit de pingouin, comme le veut le protocole, il se saisit du butin, immortalise son larcin par un selfie des plus sentis et une vidéo. « Qui veut me dire bravo ? », s’y pavane-t-il à l’intention d’amis imaginaires. Sous le titre « My Oscar Baby », il postera l’ensemble de son œuvre dans la nuit du 4 au 5 mars, sur Facebook, pour la postérité.

Une image de Terry Bryant, le voleur présumé de l’Oscar de Frances McDormand, extraite d’une vidéo de Reuters, à Los Angeles, le 5 mars 2018. / REUTERS TV/REUTERS

Pique-assiette

Car la cavale du pique-assiette a tourné court. Tandis que la lauréate, en pleurs, se lance dans une vaste chasse à l’Oscar avec son mari, le salut viendra d’Alex Berliner, photographe spécialisé, lui, dans la chasse aux célébrités, et collaborateur régulier de Wolgang Puck, l’organisateur du buffet. Le paparazzo, œil de lynx et main de fer, saisit le voleur en flagrant délit, lui chipe la relique et le laisse filer dans la nuit angelina. Sur ces entrefaites, il avise les physionomistes de la fête, qui s’en émeuvent auprès d’une journaliste du New York Times. Laquelle poste illico les clichés de Berliner sur Twitter, en guise de riposte, et propage l’avis de recherche.

L’imbroglio aurait pu virer au remake de 3 Billboards, où le personnage de Frances McDormand, lasse d’alerter la maréchaussée par panneaux interposés, déclenche une tempête d’avanies shakespeariennes. Mais, pour le bonheur et la sécurité de ses habitants, la police de Los Angeles finit par mettre la main sur le malandrin, lundi 5 mars, dans des circonstances qui restent à élucider. « Après une brève séparation, Frances et Oscar se sont joyeusement retrouvés, s’est félicité l’agent de la comédienne dans un communiqué. Ils ont célébré leurs retrouvailles autour d’un double cheeseburger, chez In-N-Out. »

Quant à Terry Bryant, 47 ans, il encourt jusqu’à trois années de prison, pour vol aggravé. Son casier judiciaire, chargé, et ses divers profils sur les réseaux sociaux, où il parade de cérémonies en mondanités huppées, suggèrent qu’il s’agirait d’un récidiviste. Reste à savoir combien d’Oscars, au juste, renferment ses placards.