Espion russe empoisonné : la police britannique dit en savoir « plus sur la substance utilisée »
Espion russe empoisonné : la police britannique dit en savoir « plus sur la substance utilisée »
Le Monde.fr avec AFP et Reuters
Selon la BBC, la police a sollicité les scientifiques du laboratoire militaire de Porton Down, pour déterminer la nature de la substance utilisée.
Des enquêteurs vêtus de tenues de protection inspectent la pizzeria Zizzi de Salisbury, mardi 6 mars 2018. | STEVE PARSONS / AP
L’ex-agent double russe Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, demeurent dans un état critique, au service des soins intensifs à l’hôpital de Salisbury, a déclaré, mercredi 7 mars, la police britannique.
Les services antiterroristes de la police ont lancé un appel au public et recherchent des témoins ayant fréquenté deux endroits de la ville où Skripal et sa fille se seraient rendus, la pizzeria Zizzi et le Bishop’s Mill, un pub. « L’enjeu est de déterminer ce qui les a plongés dans un état critique », a déclaré Mark Rowley, le chef des services antiterroristes de la police, chargé de l’enquête.
La police va donner des détails
Mercredi, à l’issue d’une réunion du comité Cobra (Cabinet Office Briefing Rooms ou COBR, qui est convoqué dans les cas d’urgence nationale au Royaume-Uni), la ministre de l’intérieur, Amber Rudd, a appelé à « garder la tête froide ». « Nous en savons plus sur la substance utilisée et la police va faire une déclaration dans l’après-midi », a-t-elle ajouté, estimant que l’enquête serait « longue ».
La presse britannique multiplie les hypothèses sur le poison utilisé. / MATT DUNHAM / AP
Selon la BBC, la police a sollicité les scientifiques du laboratoire militaire de Porton Down, à proximité de Salisbury, pour déterminer la nature de la substance utilisée. « La vitesse à laquelle est survenue [l’hospitalisation] suggère que ce n’est probablement pas dû à des radiations », a déclaré Malcolm Sperrin, professeur de physique médicale au Royal Berkshire hospital. « Certains symptômes décrits laissent penser à un produit chimique, bien qu’on ne puisse pas en être sûr. »
Spéculations de la presse britannique
Mercredi, la presse britannique multipliait les hypothèses sur le poison, le tabloïd The Sun avançant la thèse d’un empoisonnement au thallium, quand le Telegraph évoquait la piste de l’agent innervant VX, utilisé lors de l’assassinat du demi-frère du dictateur nord-coréen Kim Jong-un en février 2017 en Malaisie.
Selon The Times, les enquêteurs vont également se pencher sur les circonstances de la mort de l’épouse de Sergueï Skripal, Liudmila, morte des suites d’un cancer en 2012, et de son fils Alexandre, mort à Saint-Pétersbourg l’an dernier.
Accusations sans fondement
Mardi, devant le Parlement, le ministre des affaires étrangères, Boris Johnson, a accusé Moscou. « Si l’enquête démontre la responsabilité d’un Etat, le gouvernement répondra de façon appropriée et ferme », a-t-il déclaré devant les députés, avant de qualifier la Russie de « force néfaste et perturbatrice dans bien des domaines ».
« Cette histoire a dès le début commencé à être utilisée pour doper la campagne antirusse dans les médias », a répliqué, mercredi la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe, Maria Zakharova, lors d’une conférence de presse. Dénonçant des « accusations sans fondement », Mme Zakharova a déclaré : « Cette histoire va finir comme d’habitude : d’abord, des accusations sans fondement, puis ils garderont leurs secrets, et ni les journalistes, ni la population, ni les politiques ne sauront ce qui s’est réellement passé. »