Serena Williams, lors d’un match-exhibition face à Marion Bartoli, au Madison Square Garden de New York, le 5 mars. / ADAM HUNGER / « USA TODAY Sports »

Les plus persifleurs des suiveurs du circuit finissaient par s’impatienter. Ça y est, la saison de tennis féminin démarre enfin. Officiellement, celle-ci a commencé au début de janvier. Mais, sur un circuit depuis quelques mois en mal de repères sans sa « patronne », un seul nom revient en boucle : Serena Williams. Et une question agite le microcosme tennistique : l’Américaine réussira-t-elle son pari de reconquérir les sommets après la naissance de son premier enfant ?

Mère d’une petite fille depuis le 1er septembre 2017 et absente du circuit depuis plus d’un an, la joueuse de 36 ans fera son retour à la compétition officielle jeudi 8 mars à Indian Wells (Californie). Elle doit y affronter au premier tour la Kazakhe Zarina Diyas, 53e mondiale.

L’ex-numéro un mondiale, qui n’a plus joué depuis l’Open d’Australie 2017 – qu’elle avait remporté alors qu’elle était déjà enceinte – n’est pas réputée pour sa propension à faire profil bas. Elle n’a donc pas minimisé ses ambitions, à l’heure d’évoquer sa reprise. « Cela va peut-être sans dire, mais autant le clamer haut et fort : oui, je veux absolument gagner d’autres Grands Chelems. Je suis au courant du record, et ce n’est pas un secret, mon objectif, c’est 25 », a-t-elle dit au magazine Vogue, au début de janvier, elle qui comptabilise à ce jour deux unités de moins.

Un record en ligne de mire

Elle dépasserait ainsi le record absolu de 24 victoires en simple détenu par Margaret Court, et pourrait se targuer d’inscrire un peu plus son nom dans la légende. L’Australienne avait, elle, 29 ans lorsqu’elle a donné naissance à son premier enfant, en 1972. Quelques mois plus tard, elle remportait successivement l’Open d’Australie, Roland-Garros et l’US Open.

Plus récemment, Lindsay Davenport et Kim Clijsters ont elles aussi opéré un retour gagnant après une pause maternité. En 2009, la Belge, éloignée du circuit pendant deux ans, était même parvenue à remporter l’US Open deux mois seulement après sa reprise. « J’ai retrouvé mes coups très vite. Physiquement, en revanche, ça n’a pas été facile de s’y remettre. Mais le plus dur, probablement, a été de devoir admettre que je ne serai plus, quoi qu’il advienne, la même joueuse que celle de 2007 », déclarait à l’époque la joueuse de 26 ans.

A en croire l’entraîneur de Serena Williams, Patrick Mouratoglou, la maternité n’a pas changé sa joueuse : « Dès qu’elle met les pieds sur un court de tennis, c’est la même personne. A l’entraînement, elle affiche la même détermination, le même niveau d’exigence. Il y a deux Serena : la maman quand elle est chez elle, et la compétitrice sur le court », explique-t-il dans une interview publiée lundi 5 mars sur le site de la WTA, le circuit féminin.

Si elle relève le défi, ce dont peu d’observateurs doutent, l’Américaine n’en serait pas à son premier retour gagnant. Ecartée des courts pendant un an en 2010-2011, à la suite d’une blessure au pied puis d’une embolie pulmonaire, elle avait retrouvé son meilleur niveau cinq mois seulement après son hospitalisation, puis un peu plus tard son trône de numéro un mondiale.

« Elle a 36 ans, elle vient d’avoir un enfant, elle a eu un caillot dans le sang et a passé plus d’un an sans compétition. On peut dire que c’est le plus grand défi de sa carrière », résume son coach

Sa pause maternité n’aura pas été des plus sereines. Les complications survenues au lendemain de son accouchement, qui a failli lui coûter la vie, comme elle le révélait en début d’année, l’ont contrainte à rester alitée près de six semaines. « Elle a 36 ans, elle vient d’avoir un enfant, elle a eu un caillot dans le sang et elle a passé plus d’un an sans compétition. Je pense que l’on peut dire sans aucun doute que c’est le plus grand défi de sa carrière », résume son coach, Patrick Mouratoglou, pour qui Kim Clijsters a montré que « quand on est capable de revenir aussi en forme physiquement qu’avant sa pause maternité, on peut obtenir les mêmes résultats qu’avant ».

« Ça m’a boostée »

Les exemples de retour au plus haut niveau chez les sportives ne se limitent évidemment pas au tennis. Outre Kim Clijsters, une autre Belge a choisi de reprendre sa carrière après la naissance de son premier enfant : l’athlète Tia Hellebaut. La championne olympique de la hauteur à Pékin, en 2008, a fait une première pause à la fin de cette année-là, puis une autre trois ans plus tard pour son deuxième enfant. A chaque fois, elle est revenue à la compétition, prenant la cinquième place aux Mondiaux en salle d’Istanbul en 2012 puis aux Jeux olympiques de Londres. « Je n’ai rien perdu de ma technique. Et je suis plus puissante qu’avant mes grossesses. Ces deux épreuves m’ont renforcée », disait-elle à L’Obs en 2012, un an avant de prendre sa retraite définitive. Même si les deux accouchements ont fragilisé certains de ses muscles, l’obligeant à « faire plus attention, être plus prudente à l’entraînement pour éviter les blessures ».

La sprinteuse Christine Arron se félicite quant à elle d’avoir « eu autant de médailles avant la naissance de [s]on fils [en 2002] qu’après », comme elle l’expliquait au Monde, à la fin de 2016. « Le médecin qui me suivait pendant ma grossesse m’a dit un truc simple et clair : une femme atteint sa maturité musculaire après 30 ans, ça m’a boostée. Je suis revenue encore plus forte physiquement et j’ai pu continuer à courir avec plus de sérénité. »

L’un des exemples les plus retentissants en la matière reste celui de Paula Radcliffe. Pour sa course de rentrée, moins de dix mois après son premier accouchement, en 2007, la Britannique avait remporté le marathon de New York, à 33 ans. Une performance qui lui valut de recevoir le prix du come-back de l’année. Serena Williams est très certainement déterminée à l’imiter.