Fiscalité : Gérald Darmanin se dit défavorable à une levée du « verrou de Bercy »
Fiscalité : Gérald Darmanin se dit défavorable à une levée du « verrou de Bercy »
Le Monde.fr avec AFP
En revanche, le ministre des comptes publics préconise une amélioration de ce dispositif, et notamment pour les sommes plus importantes.
Le cabinet de Gérald Darmanin travaille en parallèle sur le plan de lutte contre la fraude annoncé mi-décembre 2017. / LUDOVIC MARIN / AFP
Est-ce que le fisc doit conserver le monopole des poursuites pénales en cas de fraude ? Le débat est lancé à l’Assemblée. Interrogé lors de L’Emission politique de France 2 sur le fait de savoir s’il soutenait la suppression de cette particularité française, le ministre des comptes publics Gérald Darmanin s’est dit jeudi 15 mars opposé à la levée du « verrou de Bercy », mais néanmoins favorable à une « amélioration » de ce dispositif.
« A partir d’une certaine somme, qui correspond à une fraude fiscale caractérisée, nous pourrions effectivement travailler avec la justice pour être plus efficaces », a ajouté M. Darmanin, qui répondait à une question du porte-parole du Nouveau parti anticapitaliste (NPA) Olivier Besancenot.
La question, c’est de savoir « ce qui est le plus efficace pour récupérer de l’argent », a poursuivi le ministre, sans plus de précisions.
Une entrave à la liberté d’action des juges
Le « verrou de Bercy », mis en place dans les années 1920, donne à l’administration fiscale le monopole des poursuites pénales en cas de fraude – un procureur ou une partie civile ne pouvant pas le faire. L’administration fiscale est toutefois tenue de suivre l’avis d’une autorité indépendante, la commission des infractions fiscales. Cette prérogative ne s’applique par ailleurs pas en matière de blanchiment de fraude fiscale.
Ce dispositif, qui permet à Bercy de faire pression sur les fraudeurs en les menaçant de poursuites s’ils n’acceptent pas le redressement qui leur est adressé, fait l’objet de vives critiques, notamment dans le monde associatif et judiciaire. Ses détracteurs lui reprochent d’entraver la liberté d’action des juges et de favoriser une certaine forme d’opacité, qui nuit à la lutte contre la fraude fiscale.
Une mission parlementaire, présidée par le député Les Républicains (LR) Eric Diard, a été mise en place début 2018 pour réfléchir à l’avenir de ce dispositif, après une offensive infructueuse de six groupes de tous bords politiques à l’Assemblée nationale, pour faire sauter ce « verrou ». Cette mission, qui a déjà auditionné le procureur général près la Cour de cassation Jean-Claude Marin et la procureure du parquet national financier (PNF) Éliane Houlette, doit rendre ses travaux dans le courant du printemps.