Le gouvernement promet 1,1 milliard d’euros sur cinq ans pour l’agriculture biologique
Le gouvernement promet 1,1 milliard d’euros sur cinq ans pour l’agriculture biologique
LE MONDE ECONOMIE
Une enveloppe de 1,1 milliard d’euros sur cinq ans pour l’agriculture biologique. L’arbitrage du gouvernement est tombé jeudi 5 avril. De quoi financer le programme Ambition bio 2022 qui fixe l’objectif d’atteindre à cet horizon 15 % de surface agricole utile cultivée en bio et 20 % de produits labellisés bio en restauration collective publique.
Cet arbitrage financier était très attendu, déjà en décembre, alors que le précédent plan Ambition bio s’achevait et que le premier ministre Edouard Philippe annonçait les nouveaux objectifs lors de la clôture des Etats généraux de l’alimentation. Puis lors du Salon de l’agriculture fin février. Finalement, le gouvernement a tranché début avril.
Favoriser la structuration de filières
Selon le communiqué publié par le ministère de l’agriculture, le gouvernement se dit prêt à mobiliser 630 millions d’euros de fonds Faeder, des aides européennes du second pilier de la politique agricole commune (PAC), auxquels s’ajouteraient près de 200 millions d’euros de crédits d’Etat. Pour atteindre le 1,1 milliard d’euros affiché, le ministère comptabilise des fonds qui sont destinés à l’agriculture bio, comme ceux gérés par les agences de l’eau.
Le ministère annonce également un doublement du fonds de structuration « avenir bio » géré par l’Agence bio qui devrait être porté progressivement de 4 à 8 millions d’euros. L’idée étant de favoriser la structuration de filières. Enfin, une prolongation du crédit d’impôt bio, revalorisé de 2 500 à 3 500 euros, est assurée sur la période 2018-2020.
Le gouvernement lance une concertation avec l’ensemble des acteurs concernés pour mettre sur pied le projet Ambition Bio 2022 qui sera présenté dans la première quinzaine de juin.
La Fédération nationale de l’agriculture biologique (FNAB) a immédiatement réagi en se disant satisfaite du montant du soutien public au projet. « Une annonce à la hauteur de l’enjeu », selon la FNAB, qui se réjouit de la visibilité donnée aux agriculteurs. Elle s’interroge toutefois sur les modalités financières de ce soutien. Et en particulier sur la provenance des 630 millions d’euros de fonds Faeder.
Le ministère affirme que ce financement provient, en partie, du transfert effectué en juillet des fonds européens entre le premier pilier de la PAC, les aides directes aux agriculteurs, et le deuxième pilier, chargé de financer le développement rural. Le montant de ce transfert a été fixé à 4,2 %, ce qui représente 312 millions d’euros en 2018. Il est censé financer l’agriculture bio mais aussi les compensations pour handicap naturel et les assurances récolte. Le gouvernement table aussi sur la négociation lors de la prochaine PAC, qui prendra le relais après 2020, pour compléter l’enveloppe.
L’aide au maintien plus financée
Le ministère de l’agriculture ne finance plus aujourd’hui que l’aide à la conversion des agriculteurs. Soit un soutien qui accompagne l’exploitant pendant la durée de sa mutation vers le bio, fixée à trois ans. Une période pendant laquelle, il voit sa productivité décroître mais ne peut encore valoriser ses récoltes au prix du bio, n’ayant pas encore sa certification. L’aide au maintien, qui prenait ensuite le relais, n’est plus financée par l’Etat depuis cette année, libre aux régions, qui cofinancent les projets bio, de les maintenir si elles le souhaitent.
Le projet Ambition bio doit maintenir la dynamique de conversion en France. Selon les chiffres publiés par l’Agence bio, le nombre d’agriculteurs qui ont jeté aux orties engrais de synthèse et produits phytosanitaires chimiques, a encore progressé de 13,6 % en 2017 pour atteindre 36 664. Cela représente 8,3 % des fermes de l’Hexagone et 6,5 % de la surface agricole utile.