SNCF : deux nouvelles journées de grève, les négociations piétinent
SNCF : deux nouvelles journées de grève, les négociations piétinent
Le Monde.fr avec AFP
Le deuxième épisode de la grève débute dès 20 heures samedi. Il se poursuivra dimanche et lundi, après deux premières journées marquées par un trafic fortement perturbé.
Le 3 avril 2018, premier jour de la grève de la SNCF, des cheminots manifestent dans les rues de Toulouse. / Ulrich Lebeuf / MYOP pour «Le Monde»
La SNCF doit communiquer samedi 7 avril vers 17 heures ses prévisions de trafic pour les prochaines quarante-huit heures de grève. Jeudi et vendredi, les négociations ont piétiné et n’ont abouti qu’à l’exacerbation des tensions entre les syndicats de cheminots et le ministère des transports. Lundi, la tension ne risque pas de retomber étant donné que le projet de loi ferroviaire arrive à l’Assemblée. Les cheminots ont d’ores et déjà annoncé qu’ils comptaient se rendre aux abords du Palais Bourbon pour protester.
Des négociations au point mort
Des cris, des reproches, des échanges vifs allant jusqu’à l’agressivité verbale. Selon plusieurs témoins présents, la séance de concertation sur la réforme ferroviaire du vendredi 6 avril s’est tenue dans un climat de tension.
Les syndicats sont ressortis furieux de leurs deux premières séances de concertation, cette semaine, au ministère des transports, où Elisabeth Borne menait les débats sur le statut et le recrutement des cheminots, mais aussi la dette de l’entreprise.
La CGT a expliqué, vendredi, que, faute de véritable négociation possible avec le gouvernement, la grève par épisode de deux jours sur cinq pourrait se prolonger « au-delà du mois de juin ».
« Les cheminots vont augmenter la pression », a appuyé Didier Aubert (CFDT), très remonté, annonçant dans certaines régions « quatre à cinq points de plus » de taux de mobilisation pour les deux prochains jours de grève. « Le gouvernement a besoin d’une nouvelle démonstration », a-t-il estimé.
Un week-end qui s’annonce compliqué
Le deuxième épisode de la grève débute samedi soir à partir de 20 heures et se poursuivra dimanche et lundi après deux premières journées les 3 et 4 avril, marquées par un trafic fortement perturbé.
Le conflit du rail se télescope ce samedi avec la cinquième journée de grève chez Air France depuis le 22 février : la direction de la compagnie aérienne a annoncé l’annulation de 30 % des vols samedi (25 % des long-courriers au départ de Paris, 35 % des moyen-courriers depuis et vers Roissy, 30 % des court-courriers à Orly et en région).
Ces mouvements surviennent le premier week-end de départ en vacances de la zone A, qui comprend notamment Bordeaux, Lyon, Besançon et Grenoble.
Le premier ministre, Edouard Philippe, a décidé de reporter le déplacement qu’il avait initialement prévu au Mali. Sur les rails, dans le ciel, ou encore dans les amphis d’université occupés, la semaine sociale qui sera marquée par l’examen du projet de loi SNCF à l’Assemblée lundi, s’annonce intense et tendue.
Le débat ferroviaire à l’Assemblée dès lundi
Après l’examen en commission, le débat sur la réforme ferroviaire va entrer pleinement dans l’hémicycle lundi soir. Le coup d’envoi des débats aura lieu au second jour d’une nouvelle séquence de mobilisation à la SNCF. Cela devrait mettre l’Assemblée un peu plus sous tension, alors que les Français sont partagés sur la grève. Le débat promet, là aussi, d’être tendu avec une partie de la gauche mobilisée pour défendre les cheminots.
CGT-Cheminots et SUD-Rail ont appelé à un rassemblement en début d’après-midi aux abords du Palais Bourbon. L’examen du projet de loi doit se tenir jusqu’à jeudi soir, avec au menu la transformation de la SNCF en société anonyme, le calendrier de l’ouverture à la concurrence prévue au niveau européen et la suppression de l’embauche au statut.
Les échanges dans l’hémicycle doivent durer jusqu’à jeudi soir, sur quelque 300 amendements, avant un vote sur l’ensemble du projet de loi « pour un nouveau pacte ferroviaire », le 17 avril.
Emmanuel Macron lui-même est sorti jeudi de sa réserve, évoquant des « protestations tout à fait légitimes » qui nécessitent « des explications », mais « ne doivent pas empêcher le gouvernement de gouverner ».
Le président sera l’invité, jeudi 12 avril, du journal de 13 heures de TF1, pour un grand entretien en direct dans lequel il s’exprimera, entre autres, sur les conflits sociaux qui agitent le pays, a annoncé samedi la chaîne.
L’adoption définitive du projet de loi est souhaitée avant l’été.