Au quatrième jour de grève, l’examen de la réforme de la SNCF débute à l’Assemblée nationale
Au quatrième jour de grève, l’examen de la réforme de la SNCF débute à l’Assemblée nationale
Le Monde.fr avec AFP
Après une journée « très perturbée » lundi, la SNCF prévoyait pour mardi une « reprise progressive » du trafic.
Peu avant l’ouverture des débats en première lecture, plusieurs centaines de manifestants se sont rassemblées lundi 9 avril près de l’Assemblée nationale, à Paris. / - / AFP
Au quatrième jour d’une grève des cheminots toujours très suivie, l’Assemblée nationale commençait, lundi 9 avril, l’examen en première lecture du « projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire » voulu par le gouvernement.
Elisabeth Borne défend une réforme « impérative »
La ministre des transports, Elisabeth Borne, a défendu lundi 9 avril sa réforme :
« Si nous proposons à la nation un nouveau pacte ferroviaire, c’est parce qu’une réforme du rail est impérative. »
Devant un hémicycle peu garni, Mme Borne a mis en avant un diagnostic « aussi clair qu’alarmiste », avec un modèle économique qui « n’est plus soutenable, menacé par un endettement vertigineux ». Selon elle, la dette est devenue le « boulet » de la SNCF.
Pour la ministre, qui fut directrice de la stratégie du groupe ferroviaire entre 2002 et 2007, la réforme « urgente » a « pour seul objectif de mieux satisfaire, enfin, les attentes de nos concitoyens, en particulier pour leur transport du quotidien ».
Elle a récusé toute volonté du gouvernement de « passer en force », alors que le recours aux ordonnances sur certaines dispositions du texte a été critiqué. Elle a souhaité « un dialogue sincère et constructif, délesté des fantasmes et des contre-vérités qui le polluent ».
Voyant dans l’ouverture à la concurrence « un aiguillon stimulant », la ministre a rejeté l’idée que la réforme organise « la casse du service public ferroviaire » ou qu’elle prépare « la privatisation rampante » de l’entreprise.
Une grève toujours très suivie
Peu avant l’ouverture des débats en première lecture, plusieurs centaines de cheminots et de sympathisants s’étaient rassemblées sur l’esplanade des Invalides, non loin du Palais Bourbon, pour défendre « l’avenir du service public ferroviaire ».
Des manifestants contre la réforme de la SNCF, sur l’esplanade des Invalides à Paris, lundi 9 avril. / GONZALO FUENTES / REUTERS
« Cheminots en colère, on va pas se laisser faire ! » ou « ça va péter ! », scandaient les manifestants. Environ 300 d’entre eux sont ensuite partis en manifestation sauvage vers la tour Eiffel, puis se sont dispersés place du Trocadéro.
A Lyon, 400 à 500 manifestants selon la police, 800 selon les organisateurs ont défilé dans l’après-midi contre la réforme de la SNCF. Ils étaient entre 250 et 300 cheminots lundi matin à Lille, certains manifestants ayant mis en place un barrage filtrant des bus Ouibus et Flexibus partant pour Paris et Bruxelles afin de les retarder.
Lundi, un quart des cheminots (24,9 %) inscrits au planning étaient en grève en milieu de matinée, contre 29,7 % le 4 avril au deuxième jour de grève, selon des chiffres de la SNCF. Les conducteurs (75 % de grévistes, contre 74 % la semaine passée) et les contrôleurs (71 %, contre 77 %) restaient très mobilisés.
Une « reprise progressive » du trafic mardi
Après une deuxième séquence de deux jours de grève, la SNCF prévoyait pour mardi une « reprise progressive » du trafic. La circulation des TGV sera normale, mais les lignes régionales (Transilien et TER) et Intercités resteront légèrement perturbées.
En Ile-de-France, 4 Transiliens sur 5 en moyenne devraient fonctionner, et le trafic des RER A et B sera normal. La SNCF prévoit 3 trains sur 5 sur le RER C et 2 sur 3 sur le D. Par ailleurs, 4 TER sur 5 circuleront en moyenne, et 3 Intercités sur 5.
Notre sélection d’articles pour comprendre la réforme de la SNCF
Retrouvez les publications du Monde.fr concernant le « projet de loi pour un nouveau pacte ferroviaire » présenté par le gouvernement, et ses conséquences :
- La synthèse pour tout comprendre à la réforme en 9 points
- le contenu du projet de loi sur la réforme de la SNCF
- les explications : que signifie l’ouverture de la SNCF à la concurrence ?
- les détails du calendrier des perturbations
- en données : effectif, statut, rémunération, trois questions sur les cheminots
- le point sur le supposé service minimum
- le récit : comment s’est déroulée l’harmonisation des statuts à Orange comme à La Poste
- le panorama (en édition abonnés) : comment l’ouverture du rail à la concurrence s’est faite en Europe
- les explications en cinq points sur la dette de la SNCF
- l’état des lieux sur la retraite des cheminots, un régime spécial déficitaire