La saison 2017-2018 de NBA s’est achevée, dans la nuit du 11 au 12 avril. Parmi la dizaine de Français qui y ont pleinement participé, jouant 82 matchs, certains en sortiront grandis et confiants, beaucoup auront l’opportunité de s’illustrer en playoffs, tandis que d’autres, en fin de parcours, commencent lentement à s’effacer.

Ils ont réussi leur saison : Frank Ntilikina et Rudy Gobert

Rudy Gobert. / Tony Gutierrez / AP

Malgré le manque d’expérience pour l’un et les blessures pour l’autre, la saison 2017-2018 a été un succès pour le meneur rookie des New York Knicks et le pivot à l’envergure démesurée des Jazz de l’Utah.

Frank Ntilikina a découvert la NBA avec une certaine pression : choisi à la 8e position de la draft, la plus haute place de l’histoire pour un Français, l’ancien meneur de Strasbourg n’arrivait pas n’importe où. New York, un des épicentres de la NBA, cherchait à redevenir une équipe convenable après des années de déliquescence. Le départ de Carmelo Anthony et l’émergence de Kristaps Porzingis signalaient un certain renouveau, une possibilité de reconstruction. Mais les blessures du Letton ont fait dérailler la saison new-yorkaise. Comme à chaque fois depuis 2013, les Knicks ne seront pas en playoffs.

Dans cette ambiance compliquée, Frank Ntilikina a emmagasiné de l’expérience. Même s’il n’a pas toujours été titulaire, et si sa capacité à créer son propre shoot reste précaire, il a su contrôler les phases offensives avec une vista de vétéran et a impressionné par sa défense. Lors d’un de ses derniers matchs face aux Cavaliers, il a battu son record de point (17, alors qu’il tourne normalement à 5,9 par match). Comme un avant-goût de la prochaine saison, et assez pour lui valoir des compliments de LeBron James, qui voit en lui « un joueur très cérébral, qui sait comment jouer au basket ». « Pour être dominant dans cette ligue, il faut de l’instinct, et l’instinct vient avec le confort et l’agressivité, a reconnu le Français de 19 ans, se disant très satisfait de sa saison. J’ai beaucoup appris, c’était l’objectif principal. »

Malgré 26 matchs passés hors des parquets à cause d’une blessure au genou, Rudy Gobert reste un des plus sérieux prétendants au trophée du meilleur défenseur de l’année. Pour comprendre comment un joueur qui rate près d’un tiers de la saison peut encore être en lice pour un trophée, il suffit de regarder les résultats des Utah Jazz sans lui : pendant son absence, ils en étaient à 11 victoires pour 15 défaites. Avec sa production – 13,5 points, 10,7 rebonds, 2,3 blocks et une protection incomparable du panier – le ratio est devenu 37 victoires et 19 défaites, les Jazz se métamorphosant en meilleure équipe défensive de la NBA.

Les contributeurs pour équipes en playoffs : Luwawu-Cabarrot, Mahinmi, Lauvergne et Yabusele

Timothé Luwawu-Cabarrot / Bill Streicher / USA TODAY Sports

Aucun d’entre eux n’est un rouage indispensable de son équipe, mais chacun contribue, à sa manière, à un collectif qui a su atteindre les playoffs. Pour sa deuxième saison avec les 76ers de Philadelphie, Timothé Luwawu-Cabarrot a stabilisé sa production (15,5 minutes par match, 5,8 points, 1,4 rebond), alternant temps de jeu longs et passages tout aussi longs sur le banc. A Washington, Ian Mahinmi reste un big convenable pour son coach, Scotty Brooks, qui l’utilise régulièrement (14,9 minutes sur 77 matchs). Même le nombre de points marqués par le Français de 31 ans continue de diminuer (4,8, contre 5,6 l’année précédente et 9,3 en 2016 avec Indiana, où il était titulaire). Joffrey Lauvergne s’est facilement intégré à la « méthode Spurs », avec des stats solides (4,1 points et 3,1 rebonds sur 55 matchs) après une année entre Chicago et Oklahoma. Guerschon Yabusele n’a presque pas joué à Boston (2,4 points en 7,1 minutes), mais aura peut-être l’occasion de ressortir son dab de célébration en playoffs, vu toutes les blessures des Celtics.

Guerschon Yabusele Bow-and-Arrow Dab
Durée : 00:06

Ceux qui voudront rebondir : Nicolas Batum et Evan Fournier

Jeremy Brevard / USA TODAY Sports

Pas de playoffs pour ces deux cadres de l’équipe de France, malgré de solides saisons de titulaires. Pour Evan Fournier, c’est simplement sa meilleure performance offensive en six ans de NBA : 17,8 points par match en 45,9 % de tir et 3,2 rebonds. Malgré un début de saison improbablement performant, son équipe des Magic d’Orlando s’est effondrée « comme un château de cartes », a-t-il confié à Basket USA. Le Français reste confiant en cette équipe « jeune » qui va récupérer une carrure avec sa 14e place en Conférence Est (25-57).

Nicolas Batum rate les playoffs pour la deuxième année consécutive avec les Hornets de Charlotte. La production du Français de 29 ans a connu une légère baisse dans toutes les facettes de jeu si l’on compare avec la saison précédente, la meilleure de sa carrière : minutes (31 contre 34), points (11,6 contre 15,1), rebonds (4,8 contre 6,2). A mettre sur le compte de plusieurs blessures (coude, talon d’Achille) et à l’arrivée du pivot Dwight Howard, avec qui la complémentarité devrait s’améliorer.

Les joueurs en fin de course : Tony Parker et Joakim Noah

Chez les anciens. / Soobum Im / USA TODAY Sports

La 17e saison de Tony Parker avec les Spurs de San Antonio aura été, âge (33 ans) oblige, la pire de sa carrière : une place de titulaire à laquelle il a du renoncer et une moyenne de 7,7 points et 3,5 assists en 19,5 minutes. Le Français n’a pas été aidé par la mauvaise forme de son équipe. Sans sa star Kawhi Leonard, elle a longtemps risqué de ne pas jouer les playoffs. Parker sera libre de tout contrat cet été, mais a dit espérer que les Spurs lui offrent une prolongation de « trois ans, pour arriver à vingt saisons aux Spurs ». Pas sûr que les dirigeants de San Antonio, qui pensent avant tout reconstruction et avenir, soient d’accord. Pour Joakim Noah à New York, l’avenir est encore plus sombre. Le corps de Noah subit les effets du jeu physique qui a été le sien durant toute sa carrière. L’ancien meilleur défenseur de la NBA n’a joué que 7 matchs cette saison, ce qui équivaut à 2,4 millions de dollars par match. Même dynamique pour Alexis Ajinça, qui n’a joué que 2 matchs, ce qui équivaut à 2,45 millions de dollars par match.