Un nouveau duo prend les rênes du PMU dans une période troublée
Un nouveau duo prend les rênes du PMU dans une période troublée
Par Laurence Girard
L’opérateur de paris hippiques a vu son activité reculer de 1 % à 2,52 milliards d’euros au premier trimestre 2018. En cause notamment, la concurrence exacerbée sur le marché des jeux d’argent qui ne se relâche pas.
L’activité du PMU recule de 1 % à 2,52 milliards d’euros au premier trimestre 2018. / JEAN-PHILIPPE KSIAZEK / AFP
Le parcours du PMU est semé d’obstacles. Au risque de ralentir son allure. Pour preuve, au premier trimestre 2018, son activité recule de 1 % à 2,52 milliards d’euros, selon les chiffres publiés jeudi 12 avril. Autre indicateur clé, le produit brut des jeux, déterminé par le total des paris auquel on soustrait le montant des gains des joueurs, c’est-à-dire ce qui reste dans les poches de l’opérateur, est en retrait de 3,6 % à 605 millions d’euros.
Un signe qui ne trompe pas. Même si le PMU explique ce ralentissement par des phénomènes conjoncturels, comme les intempéries qui ont conduit certains propriétaires à laisser leurs chevaux à l’écurie, réduisant d’autant le nombre de partants aux courses, la concurrence exacerbée sur le marché des jeux d’argent ne se relâche pas. Les paris sportifs, en particulier sur le football, ne cessent de gagner du terrain.
Le groupement d’intérêt économique (GIE) détenu par les sociétés de courses France Galop et Le Trot est aussi à la merci des injonctions de l’Etat. Ainsi, la tutelle a souhaité réduire le volume des enjeux des grands parieurs internationaux. D’où la baisse de 4,4 % de l’activité export au premier trimestre 2018. Elle a aussi entériné une hausse de la rémunération des points de vente pour la Française des jeux (FDJ), au détriment du PMU. La commission des détaillants est passée de 5 à 5,5 % contre 2 % pour les paris hippiques. Une course à handicaps pour le PMU… Surtout, Bercy, met la dernière main à la privatisation de la FDJ, dont l’Etat détient 72 % du capital. De quoi accroître encore la pression concurrentielle.
Une nouvelle gouvernance
C’est dans ce contexte délicat, qu’a été nommé un nouveau duo à la tête du PMU. Lors de son assemblée générale, jeudi 12 avril, Bertrand Meheut et Cyril Linette ont été officiellement intronisés. Ils vont inaugurer une nouvelle gouvernance, actée par un décret dont on attend la publication imminente. Elle rompt avec le principe d’une nomination d’un numéro deux issu des rangs de Bercy. L’ex patron de Canal+, M. Meheut va prendre la présidence de l’opérateur historique de paris hippiques, quand Cyril Linette, deviendra directeur général, une fonction qu’il occupait jusqu’à présent à l’Equipe. Les deux hommes se connaissent bien, car M. Linette a fait une partie de sa carrière chez Canal+ où il a été directeur des sports. Ce choix entraîne le départ d’Alain Resplandy-Bernard, ex-numéro deux du PMU, qui a assuré l’interim de la direction après la démission de Xavier Hürstel en novembre 2017.
Le nouveau tandem va devoir cravacher pour atteindre les objectifs. L’opérateur historique, qui avait renoué avec la croissance en 2017, avec une progression des enjeux de 2 %, espère tout de même terminer 2018 en croissance. Et doit atteindre un résultat net de 802,7 millions d’euros au profit de la filière hippique comme il s’y est engagé. Elle lui a versé 793 millions d’euros en 2017. Un résultat obtenu grâce à un plan de 21 millions d’euros d’économie. Le serrage de boulons n’est pas terminé. M. Meheut et M. Linette vont aussi très vite devoir se pencher avec les sociétés de course sur le sujet du changement de statut. Le passage de GIE à société anonyme a souvent été évoqué. Mais la privatisation prochaine de la FDJ devrait accélérer la transition.