Il aura fallu attendre la dernière journée de la saison 2017-2018 de NBA pour connaître avec certitude la composition de ces playoffs : tous les affrontements et, dans le cas de Minnesota la qualification, dépendaient directement des scores des ultimes matchs dans la nuit de mercredi 11 au jeudi 12 avril. Ce n’était jamais arrivé dans l’histoire de la ligue et ça vient nous rappeler que, hormis quelques équipes souvent intouchables avec un meneur barbu, la NBA est de plus en plus ouverte et équilibrée.

Bref, les playoffs qui commencent le 14 avril, s’annoncent plus intéressants et indécis que jamais. Pendant deux mois, les huit meilleures équipes de chaque conférence s’affronteront dans des séries de 7 matchs. Le Monde.fr vous proposera des « lives » pour certains matchs cruciaux à déterminer. Les Golden States Warriors de Stephen Curry et les Cleveland Cavaliers de LeBron James, finalistes des trois dernières éditions, arrivent amoindris, blessés et – qui sait – presque prenables. Les Houston Rockets et Toronto Raptors se voient comme la relève, les Philadelphie 76ers et les Portland Trail Blazers pensent avoir la jeunesse et la force nécessaire pour eux. Et les autres? Disons qu’ils n’ont plus rien à perdre, donc tout à gagner.

  • Conférence Ouest

Houston Rockets (1) vs Minnesota Timberwolves (8) : la Barbe contre les Jeunes Loups

La meilleure équipe (65 victoires-17 défaites), emmenée par le MVP quasi-assuré, James « The Beard » Harden (30,4 points, 8,8 assists et une aisance folle à endormir ses défenseurs avant d’envoyer des 3 points) a-t-elle une chance d’être embêtée par Minnesota ? Peu probable, même si les Rockets calent en playoffs depuis 2015. La présence du meneur Chris Paul devrait être le remède à cette panne récurrente. Les jeunes Timberwolves ont arraché leur billet pour leurs premiers playoffs depuis 2004 en battant les Denver Nuggets sur le fil. Les jeunes - Towns, Wiggins - arrivent exténués, tout comme le vétéran Jimmy Butler qui revient de blessure. Les chances ne sont clairement pas de leur côté, d’autant qu’ils ont perdu leurs 4 matchs contre les Rockets cette saison.

Golden State Warriors (2) vs San Antonio Spurs (7) : les Champions contre les (très) Anciens

Les Warriors veulent cimenter leur dynastie avec un troisième titre en quatre ans. Ce sera bien plus compliqué que par le passé : leur domination s’est étiolée (ils finissent à 58-24, en ayant perdu 10 de leurs denriers 17 matchs), la tactique de small-ball qui a fait leur gloire irrigue désormais la NBA et, surtout, leurs stars, Stephen Curry en tête, terminent la saison cabossées. Le meneur et double MVP, blessé au genou, va rater ce premier round, obligeant Kevin Durant à monter en puissance un peu plus tôt que prévu. Les Spurs, qui ont flirté avec l’élimination, disputeront bien les playoffs pour la 21e année consécutive. Ca ne sera sûrement pas leurs plus longs. Toujours sans Kawhi Leonard et avec un effectif vieillissant, on ne sait pas trop comment ils pourraient s’en sortir à moins de se transcender en se rappelant que c’est contre ces mêmes Warriors, en finale de conférence 2017, que Leonard a subi sa première grave blessure, à cause d’un certain Zaza Pachulia.

Portland Trailblazers (3) vs New Orleans Pelicans (6) : le collectif de l’Ouest contre l’individualité de l’Est

Portland a grimpé jusqu’à la 3e place de l’Ouest sur le dos de son tandem de meneurs, Damian Lillard et CJ McCollum, principaux scoreurs et, dans le cas de Lillard, joueur à qui on passe la balle quand il faut un panier crucial. Portland c’est aussi un collectif, personnifié par celui qui a aidé à en faire une des meilleures équipes défensives de la NBA, Yusuf Nurkic, tendrement surnommé « la Bête de Bosnie ». L’opposition face aux Pelicans d’Anthony Davis devrait faire des étincelles et pourrait basculer d’un côté comme de l’autre. « Le Sourcil » (pas vraiment un des surnoms les plus sexys) est capable de gagner une série presque à lui tout seul. Il l’a prouvé en tirant son équipe jusqu’à cette 6e place après la blessure de l’autre star des Pelicans, « Boogie » Cousins. Il est capable, comme face aux Suns de Phoenix (53 points-18 rebonds-5 blocks), d’annihiler une équipe comme un grand.

Oklahoma City Thunder (4) vs Utah Jazz (5) : le Trio contre la Tour Eiffel

Le meneur des Thunder, Russell Westbrook, est devenu le seul joueur à avoir réussi, deux années de suite, un triple-double en moyenne en saison régulière. Il l’a fait de la manière la plus westbrookienne possible, prenant 20 rebonds dans son dernier match, quitte à en voler à ses coéquipiers. Westbrook ne sera pas, comme en 2017, MVP dans une équipe construite par et pour lui. Dans ces playoffs, il pourra compter sur deux coéquipiers de taille, Paul George et Carmelo Anthony. Ils devront enfin prouver qu’ils peuvent être plus que la simple somme de leurs parties. En face, les Jazz sont la définition même de l’équipe qui n’a plus rien à perdre : personne ne les voyait en playoffs après un mauvais début de saison. Ils y sont arrivés avec des probables Défenseur de l’année (Rudy Gobert, stratosphérique malgré 26 matchs ratés), Rookie de l’année (Donovan Mitchell), Coach de l’année (Quin Snyder) et un élan inarrêtable : depuis le 24 janvier, seuls les Rockets ont gagné plus que les Jazz.

  • Conférence Est

Toronto Raptors (1) - Washington Wizards (8) : les hordes du Nord face aux Magiciens irréguliers

Auteurs de leur meilleure saison régulière en 23 ans (59 victoires-23 défaites), les Toronto Raptors arrivent avec le plein de confiance. Réguliers mais affichant systématiquement leurs limites lors des phases finales, les joueurs de Dwayne Casey avancent leurs ambitions. Dans la foulée de leurs leaders, DeMar DeRozan et Kyle Lowry, eux qui ont goûté aux finales de conférences en 2016, ils veulent enfin franchir la montagne LeBron James, qui les a éliminé les deux dernières saisons. S’appuyant sur une défense inventive, l’un des meilleurs bancs de la ligue et un public enflammé, Toronto assume sa position de favori dans une conférence Est plus ouverte que jamais. Face à eux, les Washington Wizards, qu’on voyait batailler pour les premières places, se hissent en playoffs par la petite porte. Irrégulière mais talentueuse, ils espèrent réaliser un braquage face à des Canadiens connus pour leurs difficultés à transformer en fin de saison les promesses entrevues. Le retour de blessure de John Wall, en mars, accentue leur bonne forme. Suffisamment pour surprendre Toronto ?

Boston Celtics (2) - Milwaukee Bucks (7) : une « Green army » décimée face au Marsupilami grec

Dire de la saison des Boston Celtics qu’elle fut mouvementée est une sinécure. Favori des bookmakers après le recrutement en grande pompe des All-Stars Kyrie Irving et Gordon Hayward, les joueurs du Massachussetts ont revu leurs ambitions à la baisse après la grosse fracture de la cheville du second, dès le premier match. Mais les hommes du coach Brad Stevens, qui prouve une fois de plus qu’il fait partie des meilleurs tacticiens, ont réalisé une saison remarquable, sur les ailes d’un Kyrie Irving libéré de l’ombre de LeBron James. Si le meneur est forfait pour ces playoffs, ses jeunes coéquipiers comptent profiter de ces phases finales pour acquérir de l’expérience. Face à eux, les Milwaukee Bucks de Giannis Antetokounmpo s’avancent au terme d’une saison régulière paradoxale. Si « The Greek Freak » a réalisé une saison de haute volée dans toutes les catégories statistiques, l’équipe du Wisconsin – qui s’est débarrassée de son entraîneur Jason Kidd en début de saison – suscite de nombreuses interrogations. A eux d’y répondre face aux Celtics décimés.

Philadelphia Sixers (3) - Miami Heat (6) : le « Process » contre le poil à gratter

Les Philadelphia Sixers sont de retour en playoffs ! Pour l’observateur non-aguerri, cette phrase n’a rien de choquant. Mais quand l’on a suivi les mésaventures de cette équipe, le point d’exclamation s’impose. Première équipe à avoir érigé le tanking – ce procédé quasi-biblique voulant que les derniers d’une saison deviendront les premiers du futur – en mode de vie, et à avoir enchaîné les saisons plus mauvaises les unes que les autres, les Sixers récoltent aujourd’hui le bon grain des décisions passées. Dans la foulée de leurs jeunes stars, Joel Embiid et Ben Simmons, les joueurs de Brett Brown ont achevé la saison sur seize victoires de rang. Quand « Trust the process » devient plus qu’un slogan. Du côté de Miami, on assume le côté outsider. Une fois encore, les hommes d’Erik Spoelstra ont signé une saison régulière sans rien lâcher – ils ont terminé dix-neuf matchs avec seulement moins de trois points d’écart – et arrivent en playoffs décidés à poursuivre leurs efforts. Renforcés par le retour du roi Dwayne Wade en cours de saison, les coéquipiers de Goran Dragic veulent enrayer « The Process ».

Cleveland Cavaliers (4) - Indiana Pacers (5) : un « King » seul en son royaume contre la surprise

On l’a vu abattu. On l’a vu exclu (pour la première fois de sa carrière). On l’a surtout vu se démener face à l’adversité. Et une fois de plus, LeBron James a hissé son équipe en playoffs. Pour la première fois de sa carrière, le meilleur joueur du monde – ce n’est pas nous qui le disons, ceci fait relativement consensus – a disputé les 82 matchs de la saison régulières. Hormis leur tête de proue, les Cleveland Cavaliers ont bataillé toute la saison pour aligner une équipe tenant la route. Fortement remaniée dans les ultimes instants du marché des transferts, l’équipe de Tyronn Lue espère profiter de son expérience des playoffs pour disputer une quatrième finale d’affilée (ce qui ferait la huitième pour James). Face à eux, l’une des plus grosses surprises de la saison. Après la perte de Paul George à l’intersaison, peu d’observateurs faisaient des Indiana Pacers des concurrents aux phases finales. Mais dans la foulée d’un Victor Oladipo devenu clutch et leader dans l’Indiana, l’équipe a réalisé une saison solide. Et compte sur son élément perturbateur, Lance Stephenson, pour poser des soucis au « King » James.