Dani Alves, le 2 juillet, face à l’Argentine. / Nelson Antoine / AP

On le disait rouillé, émoussé, en fin de course. A 36 ans, le Brésilien Dani Alves a profité de la Copa America pour démontrer qu’il n’était pas encore en préretraite. Dimanche 7 juillet (à 22 heures), au Stade Maracana de Rio, l’arrière droit (107 sélections depuis 2006) pourrait même étoffer son palmarès à rallonge ( deux titres en moyenne par saison depuis l’entame de sa carrière, en 2001) et décrocher son quarantième trophée en cas de victoire en finale contre le Pérou.

Orpheline de Neymar, forfait en raison d’une cheville meurtrie et accusé de viol avant l’entame du tournoi, la Seleçao s’en remet à la rage de vaincre et à l’ambition débordante de son inoxydable capitaine.

« Je ne suis pas ici pour fermer des bouches, je suis ici pour faire mon boulot », a lancé Dani Alves durant la compétition. Celui qui vient d’annoncer son départ du Paris-Saint-Germain, après deux saisons ternies par une grave blessure qui l’avait privé du Mondial russe de 2018, aspire à décrocher la Copa America pour la deuxième fois avec le Brésil (après le sacre de 2007).

Son coup du sombrero face à l’Argentine

Avec ses deux anciens coéquipiers au PSG, Marquinhos et Thiago Silva, Alves est le taulier d’une défense auriverde qui n’a pas encore encaissé le moindre but depuis l’ouverture de la compétition. En demi-finales, à Belo Horizonte, le vétéran a été l’artisan du succès (2-0) de sa sélection face à l’Argentine de Lionel Messi, son ami et ancien partenaire au FC Barcelone (2008-2016). Son coup du sombrero sur Marcos Acuña, sa feinte de corps et son décalage pour Firmino ont permis à Gabriel Jesus d’ouvrir le score contre l’Albiceleste.

Sur cette action lumineuse, Alves a prouvé qu’il restait un joueur « cérébral », doté d’une vision du jeu et d’une technique au-dessus de la moyenne. Et ce, malgré un impact physique forcément déclinant au fil des années.

« Je sais l’âge que j’ai, je sais ce que ça signifie pour un footballeur, mais j’ai appris que les gens veulent des résultats. Je me concentré sur ça, pas sur mon âge ou sur ce que les gens vont penser de moi », a déclaré l’intéressé qui marche sur les pas de son illustre prédécesseur Cafu, ancien arrière droit, ex-capitaine de la Seleçao (1990-2006) et recordman du nombre de sélections (142).

Le Mondial 2022 au Qatar en ligne de mire

Dans les petits papiers du sélectionneur Tite, Alves souhaiterait d’ailleurs étirer sa carrière internationale jusqu’au Mondial 2022, au Qatar. Il aura alors... 39 ans. Symbole d'une Seleçao désireuse d'oublier le cauchemar de la déroute (7-1) face à l’Allemagne, en demies du Mondial 2014, cet insatiable gagneur sort d’une saison contrastée avec le PSG, dont les dirigeants ont décidé de ne pas prolonger son contrat.

Sa prestation décevante lors de l’élimination du club de la capitale par Manchester United, en huitièmes de finale de Ligue des champions, a convaincu son entraîneur Thomas Tuchel de ne pas le conserver. Très proche de Neymar et leader du « clan » brésilien au sein du vestiaire parisien, Alves avait par ailleurs agacé ses dirigeants en tentant de transmettre sa culture de la gagne à ses partenaires.

« Je sais comment gagner, j’aimerais qu’on m’écoute plus », a assuré sur les ondes de RMC Sport, en avril, le natif de Juazeiro (Etat de Bahia), doté d’un salaire élevé (700 000 euros bruts mensuels).

« Nous devons être très prudents »

A l’instar du chevronné gardien Gianluigi Buffon, 41 ans et lui aussi parti cet été, le trentenaire n’aura guère réussi à percer le plafond de verre qui circonscrit les visées européennes de Qatar Sports Investments (QSI), propriétaire du club parisien depuis 2011.

Au PSG, il aura néanmoins ajouté cinq trophées (dont deux sacres de champion de France) à son spectaculaire palmarès. «  Aujourd’hui, je termine un autre cycle de ma vie, un cycle de victoire, d’apprentissage et d’expériences », avait écrit l’intéressé pour annoncer son départ.

Dans le viseur de l’Atlético Madrid cet été, désireux de rejoindre un club compétitif sur l’échiquier continental, Alves espère décrocher, dimanche, son quatrième sacre (après les victoires en Coupe des confédérations en 2009 et 2013) avec le Brésil. « Nous devons être très prudents », a-t-il prévenu avant la finale de la Copa America contre le Pérou, surprenant vainqueur du Chili (3-0), double tenant du titre, en demies.

Si les Auriverde ont balayé (5-0) la « Blanquirroja » au premier tour, Alves conserve un goût amer de sa dernière confrontation avec les Péruviens. En phase de poules de l’édition 2016 de la Copa America, les Brésiliens s’étaient inclinés (1-0) contre les partenaires du buteur Paolo Guerrero et avaient été éliminés. Au Maracana, l’expérimenté Alves entend prendre sa revanche et parfaire sa légende.