Ion Iliescu, ancien président de la Roumanie, à Bucarest en octobre 2015, après son interrogatoire par les procureurs. / GRIGORE POPESCU/AFP

L’ex-président de la Roumanie Ion Iliescu est poursuivi pour « crimes contre l’humanité » dans le dossier fleuve sur les journées sanglantes ayant suivi le soulèvement de décembre 1989, a annoncé le parquet de la Haute Cour de cassation à Bucarest mardi 17 avril.

Ces poursuites visent des mesures volontaires de « diversion » prises après la chute du dictateur Nicolae Ceausescu et de sa femme, Elena, sommairement jugés puis exécutés le 25 décembre 1989. Ion Iliescu « a accepté et entériné des mesures à caractère militaire, dont certaines ont eu un caractère évident de diversion », selon un communiqué des procureurs.

Selon les enquêteurs, ces mesures, s’ajoutant à l’époque à « la psychose terroriste qui avait atteint un paroxysme parmi les militaires et des civils armés », ont notamment conduit à de nombreuses situations de « feu fratricide ».

Nouvelle étape

Plus de 1 100 personnes sont mortes en Roumanie durant les événements de décembre 1989 : 162 avant la chute de Ceausescu, qui avait ordonné la répression des manifestations, et 942 dans les jours suivants, selon un bilan qui, vingt-huit ans après, reste sujet à caution.

M. Iliescu a présidé la Roumanie de 1989 à 1996 puis de 2000 à 2004. Aujourd’hui âgé de 88 ans, l’homme politique affirme qu’il « garde la tête haute devant le jugement de l’histoire ».

« Un soulèvement populaire a créé un vide du pouvoir. Des gens des plus diverses zones de la société (…) ont essayé de donner un sens au changement », « ils sont accusés maintenant d’avoir osé cela », a-t-il écrit la semaine dernière sur son blog.

Cette annonce est une nouvelle étape dans la procédure, classée sans suite en 2015 mais rouverte en 2016 sur décision de la Haute Cour de cassation.

Le parquet a annoncé que deux hauts responsables de l’armée étaient également poursuivis pour, respectivement, « ordres » et diffusion d’informations « à caractère de diversion ».

Les procureurs avaient demandé début avril le feu vert de l’actuel président roumain, Klaus Iohannis, pour poursuivre M. Iliescu et l’ex-premier ministre Petre Roman dans une autre partie du « Dossier de la Révolution ». M. Iohannis a donné son accord la semaine dernière.