TV – « Etoilé.e.s » : un voyage sans saveur
TV – « Etoilé.e.s » : un voyage sans saveur
Par Mustapha Kessous
Un documentaire retrace la quête d’excellence de quatre cuisiniers, de Paris à Tokyo en passant par Madrid et Oslo (sur Canal+ à 20 h 55).
Esben Holmboe Bang, chef du restaurant Maaemo à Oslo. / CANAL+
Certains cherchent à décrocher la lune, eux ont la tête dans les étoiles. Et pas n’importe lesquelles : celles qui sont décernées par le fameux guide Michelin, qui distingue chaque année les meilleures tables du monde. Pour Maria Marte, Sylvestre Wahid, Yoshihiro Narisawa et Esben Holmboe Bang,ces étoiles représentent la récompense ultime, celle qui vient couronner une vie pleinement consacrée à l’art culinaire.
Pendant un an, les auteurs du documentaire Etoilé.e.s ont suivi quatre grands noms de la haute gastronomie dans leur quête d’excellence, avant de croiser le parcours de ces chefs tout au long du film. Maria Marte (2 étoiles à Madrid), Sylvestre Wahid (2 étoiles à Paris), Yoshihiro Narisawa (2 étoiles à Tokyo) et Esben Holmboe Bang (3 étoiles à Oslo) ont beau avoir des styles culinaires différents, ils partagent la même obsession pour une table sans fausse note. « La cuisine, c’est un art à réaction directe : tout de suite, tu sais si ça va plaire ou si ça va pas plaire. C’est difficile de vivre avec ça tous les jours », assure Sylvestre Wahid, chef du restaurant Sylvestre.
« Comprendre le produit »
Pas question de décevoir les clients ou les critiques. Ces cuisiniers hors pair doivent perpétuellement inventer de nouveaux plats pour continuer à séduire et conserver leurs étoiles, tout en « comprenant le produit », comme le martèle Esben Holmboe Bang, chef du restaurant Maaemo. Yoshihiro Narisawa ajoute : « Aujourd’hui, un chef de cuisine ne peut pas se contenter de faire des choses délicieuses, c’est fini cette époque. La prochaine étape est celle où le chef devra penser à l’environnement, beaucoup plus. »
Etoilé.e.s montre à quel point les grands cuisiniers sont obnubilés par le guide Michelin. Cela peut aller jusqu’à ne pas en dormir la nuit, comme le raconte Sylvestre Wahid, ou, à l’instar de Maria Marte, à être prêt à tous les sacrifices pour décrocher une troisième étoile.
Si le parti pris esthétique est extrêmement fort, il se fait malheureusement au détriment de la narration. Construit, sans commentaire, sur l’enchevêtrement de ces quatre parcours, ce long documentaire égare plus qu’il n’éclaire.
Etoilé.e.s, de Charlotte Altschul et Nicolas Boero (France, 2017, 110 min).