Série sur OCS City à 20 h 55

Westworld se veut un luxueux labyrinthe mental. Ses créateurs, Jonathan Nolan et Lisa Joy, à l’image de Dédale, rivalisent de ruses et d’ingéniosité technique pour dérouter les armées de fans de cette série. On n’avait sans doute pas connu cela depuis Lost : face à la complexité narrative de West­world – une libre adaptation du film de Michael Crichton, Mondwest, sorti en 1973 –, les réseaux sociaux et les forums américains n’ont de cesse, depuis son lancement, d’en démêler les faux fils d’Ariane et d’annoncer un probable dénouement.

Samouraïs et geishas

La première saison, somptueusement produite, alliait trois promesses rarement réunies : évasion, énigmes et réflexion – sur le processus créatif comme sur soi-même. La saison 2, lancée par HBO dimanche 22 avril aux Etats-Unis – et dont nous n’avons vu que la première moitié –, fait immédiatement suite à la fin de la première : elle nous renvoie dans cette partie d’un gigantesque parc d’attractions qui a pour nom West­world, où de riches visiteurs peuvent vivre le frisson de la conquête de l’Ouest en y assouvissant certains clichés des westerns : torturer, massacrer et violer impunément. Des centaines d’androïdes d’apparence humaine ont été programmés pour animer ce parc et parfaire leur illusion de vivre à la fin du XIXe siècle ou dans un film. Mais la mécanique s’est mise à se dérégler, certains de ces « hôtes » humanoïdes, en fin de saison 1, commençant à se retourner contre leur créateur et les « invités » du parc, humains si peu humains.

Westworld Season 2 | Official Trailer | HBO
Durée : 02:40

Cette saison 2 s’annonce clairement comme celle de la révolte des robots, esclaves de leur intelligence artificielle et prisonniers de désirs étrangers. Cette rébellion est essentiellement menée par deux humanoïdes féminines : une sorte de Calamity Jane blonde habillée dans la robe bleue d’Alice au pays des merveilles qui, carabine en bandoulière, chevauche le parc, prête à blesser et tuer à son tour ; et une ex-tenancière d’un saloon-bordel, hantée par la perte, virtuelle puisque programmée, de sa fille, qu’elle va néanmoins rechercher jusque dans une autre partie du parc, dénommée Shogun World. Dorénavant, elle évoluera parmi des samouraïs et geishas de l’époque d’Edo au Japon – après un clin d’œil à John Ford et Quentin Tarantino, un hommage est fait ici à Akira Kurosawa et Hiroshi Inagaki, notamment.

Westworld n’appartient pas aux séries linéaires et prédictibles. Peut-être la révolte des robots a-t-elle été préprogrammée par les créateurs du parc ; peut-être le début de cette saison relève-t-il d’un songe ou d’une illusion ; peut-être le parc lui-même s’intègre-t-il à un plan machiavélique beaucoup plus large, visant à faire chanter ou éliminer une partie de l’engeance humaine. Peut-être. Mais pour le moment, la déception pointe : la conscience et la liberté acquises par les androïdes ne les entraînent guère que dans des massacres à la Game of Thrones. Est-ce ainsi que se dessine le futur de l’intelligence artificielle, ou le marketing y est-il pour quelque chose ? On semble en tout cas loin des pistes de réflexion lancées lors de la saison 1.

Westworld (saison 2), série créée par Jonathan Nolan et Lisa Joy. Avec Evan Rachel Wood, Thandie Newton, Jeffrey Wright, Ed Harris, Jimmi Simpson (EU, 2018, 10 × 42 à 70 min). En simultané avec les Etats-Unis à 3 heures dans la nuit du dimanche au lundi, puis le lundi à 20 h 55, ou à la demande sur OCS Go.