Football : les années africaines d’Henri Michel
Football : les années africaines d’Henri Michel
Par Luc Vinogradoff
Renvoyé de l’équipe de France en 1998, Henri Michel écrira certaines des plus belles pages de sa carrière d’entraîneur, notamment en sélection, sur le continent africain.
En 2006, entraîneur de la Côte d’Ivoire. / ISSOUF SANOGO / AFP
Henri Michel, mort mardi 24 avril à l’âge de 70 ans, a connu ses plus grandes heures de gloire sous le maillot et sur le banc de l’équipe de France : une Coupe du monde (1978) et 58 sélections entre 1967 et 1980 en tant que joueur ; une médaille d’or olympique (1984), une Coupe intercontinentale (1985), une troisième place en Coupe du monde (1986) et cette mythique victoire contre le Brésil en tant qu’entraîneur qui n’a même pas 40 ans.
Mais après son éviction à la tête des Bleus en 1988, et une courte pige au Paris-Saint-Germain, il passera la plus grande partie du reste de sa carrière en Afrique et au Proche-Orient, alternant les postes d’entraîneur à la tête de clubs à sauver et de sélectionneur pour des nations en quête de qualifications pour les grandes compétitions internationales.
Avec le Maroc en stage de préparation pour la Coupe du monde 1998. / ABDELHAK SENNA / AFP
Lions et Elephants
La première fut le Cameroun, qu’il emmène à la Coupe du monde en 1994. Quatre ans plus tard, il récidive avec le Maroc. C’est dans ce pays qu’il connaîtra sa plus longue et fructueuse expérience d’entraîneur. Il restera cinq ans à la tête des Lions de l’Atlas (1995-2000) et un peu plus d’un an (février 2003- mars 2004) à celle du club marocain du Raja Casablanca, avec lequel il remportera le championnat et la Coupe de la Confédération africaine.
Renvoyé de la sélection pour avoir raté la qualification pour la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en 2000, Henri Michel y reviendra en 2007. Le deuxième passage sera plus court et, forcément, bien moins concluant. Il y restera six mois et sera congédié après, là encore, une élimination précoce en CAN. Ses prises de parole sur le « problème structurel » du football marocain, que les instances locales n’avaient pas apprécié, ont définitivement scellé son sort. Le scénario sera identique au Raja, où il revient en 2010, auréolé des bons résultats de son premier passage, mais ne restera que cinq petits matchs avant de repartir.
Ces retours ratés n’ont pas remis en cause la place d’Henri Michel dans le panthéon footballistique marocain. La Fédération marocaine a salué « un grand homme qui a tant donné au ballon rond national » et l’actuel sélectionneur, Hervé Renard, a décrit son prédécesseur comme le « meilleur entraîneur national que le Maroc ait eu ».
Quatre qualifications en Coupe du monde avec quatre pays
En 2006, entraîneur de la Côte d’Ivoire. / KARIM JAAFAR / AFP
Avec le Cameroun et le Maroc, l’autre terre de succès d’Henri Michel sera la Côte d’Ivoire. Entre 2004 et 2006, Henri Michel aidera la génération de Drogba et des frères Touré à atteindre la finale de la CAN en 2006 et à se qualifier pour sa première Coupe du monde. L’ancien joueur du PSG Bonaventure Kalou était de l’épopée et se souvient « d’un bon vivant, quelqu’un d’une grande sagesse » qui a su faire exprimer le potentiel des joueurs sur et en dehors du terrain. « Il a su gérer les ego en sélection, où il y avait de fortes têtes », dit-il à l’AFP. Henri Michel deviendra, à titre personnel, le seul entraîneur à avoir qualifié quatre pays différents pour la phase finale du tournoi.
D’autres lignes viendront allonger son CV, mais le contenu n’aura plus jamais le degré de réussite et la longévité du début des années 2000 : des passages de moins d’un an dans des clubs de seconde zone (Aris Salonique en Grèce, Al-Arabi au Qatar, Zamalek en Egypte et Mamelodi Sundowns en Afrique du Sud) ou dans des sélections (Emirats arabes unis, Tunisie, Guinée équatoriale, Kenya), dont il sera renvoyé, faute de résultats, où dont il démissionnera, faute d’accord avec les dirigeants.
En 2012, il jette définitivement l’éponge. Il quitte le poste de sélectionneur du Kenya après deux matchs par un communiqué de presse alambiqué, où il explique n’avoir « pas trouvé d’arrangement à l’amiable à temps concernant ma mise en conformité avec plusieurs clauses de mon contrat ». On pensait alors qu’à 65 ans, il n’aurait pas de mal à trouver un nouveau poste dans ce continent, où il avait tant œuvré. La maladie en décidera autrement, puisque ce fut son dernier.