Exemple de message publié par ces comptes, incitant les Saoudiens à écrire des tags antigouvernement.

Facebook a annoncé, mardi 28 mai, avoir supprimé un peu moins de cent comptes et pages Facebook et Instagram liés à une opération d’influence iranienne. Ces comptes étaient actifs dans des discussions dans l’environnement Facebook sur « des sujets liés à la politique au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, aux mouvements sécessionnistes américains, à l’islam, aux minorités arabes en Iran et à l’influence de l’Arabie saoudite au Moyen-Orient », selon le communiqué du réseau social. Les comptes développaient notamment des positions critiques de l’Arabie saoudite et d’Israël, et de soutien aux Palestiniens.

La taille relativement modeste de l’opération et le faible nombre d’abonnés à ces comptes (un peu plus de 25 000 personnes) masquent cependant son efficacité potentielle. Comme le note la société de sécurité informatique FireEye, qui a averti Facebook de l’existence de ce réseau et déclenché l’enquête menée par le réseau social, ces comptes « se présentaient comme étant gérés par des militants, des correspondants de presse ou des journalistes indépendants. Certains prétendaient appartenir à des organisations connues ».

Fausses interviews

Le groupe iranien ne limitait pas ses opérations à Facebook : il avait aussi créé plusieurs comptes Twitter, aujourd’hui supprimés, qui fonctionnaient de la même manière.

Tous ces faux comptes étaient suffisamment bien faits pour tromper des acteurs publics. Certains ont sollicité avec succès ces derniers mois des interviews auprès d’hommes politiques et de journalistes américains. Les entretiens, réalisés en vidéo à distance, étaient ensuite mis en ligne sur les réseaux sociaux sans jamais montrer le visage du « journaliste » à l’origine de l’interview.

D’autres comptes liés au même réseau, selon FireEye et Facebook, se sont également fait passer pour des candidats aux élections de mi-mandat aux Etats-Unis. Au moins deux candidats ont vu leurs photos de profil copiées et certains de leurs messages plagiés pour crédibiliser les faux comptes.

La presse régionale américaine visée

De manière plus étonnante, une partie de l’opération identifiée par FireEye visait non pas les réseaux sociaux, mais… la presse régionale américaine. Les chercheurs de l’entreprise ont identifié une demi-douzaine de noms, qui ne semblent avoir aucune existence réelle et qui ont soumis des tribunes critiques de la politique de Donald Trump ou reprenant les positions du gouvernement iranien.

Elles ont été soumises à plusieurs journaux locaux américains, qui les ont, parfois, publiées. Une même personne a ainsi réussi à publier un courrier des lecteurs dans le Seattle Times, en prétendant résider dans la ville, et un autre dans le Baytown Sun, en prétendant, cette fois, résider à Baytown (Texas).

En octobre, Facebook avait déjà annoncé avoir détecté et supprimé plusieurs dizaines de comptes liés à une opération d’influence iranienne. Moins subtil, ce réseau visait, lui, une audience de masse : ses membres étaient suivis, au moment de sa suppression, par plus d’un million d’internautes.