Notre-Dame-des-Landes : le temps des examens pour les occupants de la ZAD
Notre-Dame-des-Landes : le temps des examens pour les occupants de la ZAD
Par Rémi Barroux
Le gouvernement avait fixé à minuit, lundi 23 avril, le dernier délai pour déposer un dossier de régularisation à la préfecture.
Des habitants de la ZAD présentent leur projet à la presse, à Notre-Dame-des-Landes, le 23 avril. / DAMIEN MEYER / AFP
A minuit, lundi 23 avril, les éventuels futurs habitants de la ZAD, ex- « zone à défendre » contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, devaient s’être fait connaître auprès de la préfecture de Loire-Atlantique avec nom, localisation – c’est-à-dire identification de la parcelle de bocage qu’ils revendiquent – et nature de l’activité. Faute de quoi, a promis le gouvernement, ils devront quitter les lieux, et leurs habitats, cabanes ou caravanes, seront détruits.
A quelques heures de la fin de l’ultimatum, une bonne quarantaine de projets auraient été déposés en préfecture, dont vingt-huit agricoles (élevage, maraîchage, céréales, apiculture…), les autres relevant surtout d’activités artisanales. Ce sont d’abord les dossiers agricoles, déposés nominalement mais pouvant concerner plusieurs personnes, qui seront étudiés. « La chambre départementale d’agriculture n’ayant pas souhaité s’en saisir, nous allons nous inscrire dans le cadre d’un calendrier normal, avec leur étude par la direction départementale des territoires et de la mer, le comité professionnel agricole puis le comité de pilotage sur l’avenir des terres agricoles de la ZAD que j’ai mis en place, dont la prochaine réunion est fixée au 6 juin », a précisé au Monde la préfète Nicole Klein.
Si l’échéance semble lointaine, il devrait être possible à la préfecture de dire assez vite quels sont les projets qui peuvent être retenus et ceux qui ne rempliront pas des conditions pour l’heure assez souples. Cela ne signifie pas non plus que les dossiers autres qu’agricoles n’auront pas vocation à trouver des voies de régularisation permettant le maintien sur la zone de leurs auteurs, estime aussi la préfète. Cette dernière se félicite de voir qu’il était finalement possible pour les zadistes de remplir des dossiers « avec des vrais noms, sans prête-noms, sans Camille [le prénom générique employé de longue date par les habitants de la ZAD] ».
Depuis le lancement du mouvement d’expulsion des occupants illégaux, le 9 avril, vingt-neuf sites ont été détruits par les gendarmes mobiles, après plusieurs jours d’affrontements violents. Il en resterait plus d’une soixantaine. A l’issue de la phase d’examen des dossiers déposés, il est possible qu’une trentaine environ des squats toujours debout et sans projet déclaré soient évacués, puis détruits. Cela signifierait le retour d’affrontements dans le bocage, d’autant plus violents que les zadistes ont l’impression d’avoir répondu aux injonctions gouvernementales.
Lundi soir, à la préfecture, personne ne savait dire quelle serait l’attitude du gouvernement : soit reconnaissance de l’évolution positive des habitants de la ZAD avec une amorce de régularisation individuelle, soit fermeté pour ceux qui n’auront pas joué le jeu. Le dispositif de 2 500 gendarmes mobiles est toujours en place, sur et aux alentours du site.
Mardi matin, Nicole Klein devait se rendre à Notre-Dame-des-Landes pour signer avec les quatre agriculteurs historiques de la zone, qui avaient refusé les expropriations et les indemnisations, une convention d’occupation précaire, concernant 310 hectares sur les 1 400 de terres agricoles de la ZAD. « Le signe lumineux que l’avenir se dessine », pour la préfète.