Muhammadu Buhari, premier dirigeant d’Afrique subsaharienne reçu par Donald Trump
Muhammadu Buhari, premier dirigeant d’Afrique subsaharienne reçu par Donald Trump
Le Monde.fr avec AFP
Selon la Maison Blanche, les conversations vont se concentrer sur « la lutte contre le terrorisme » et le développement au Nigeria.
Le président américain, Donald Trump, reçoit, lundi 30 avril, son homologue nigérian, Muhammadu Buhari, premier dirigeant d’Afrique subsaharienne invité à la Maison Blanche depuis son arrivée au pouvoir. Les deux hommes devaient se retrouver en milieu de journée pour un tête-à-tête dans le bureau Ovale, avant de participer à une conférence de presse commune dans les jardins de la Maison Blanche.
L’exécutif américain est resté plutôt discret à l’approche de cette visite durant laquelle aucune annonce de taille n’est attendue. Mais quinze mois après l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, elle constitue un signal. « Le fait que le président du pays le plus peuplé d’Afrique visite Washington pourrait bien, en soi, être plus important pour renforcer les relations Etats-Unis-Afrique que telle ou telle discussion politique spécifique », souligne John Campbell, du Council on Foreign Relations.
Un président qui se soucie peu du continent
Les relations entre l’Afrique et Donald Trump ont été durablement marquées par les propos de ce dernier, qui avait évoqué des « pays de merde » à propos de Haïti et des pays africains. Le limogeage brutal, en mars, du secrétaire d’Etat Rex Tillerson alors qu’il se trouvait en visite officielle au Nigeria pour sa première tournée africaine, n’a fait que renforcer l’image d’un président qui se soucie peu de ce continent. Nombre de postes de haut niveau sur l’Afrique sont par ailleurs toujours vacants au sein du département d’Etat.
« L’administration voit peut-être cette visite de Buhari comme une occasion de rectifier le tir, même s’il est peu probable qu’elle le formule ainsi », souligne John Campbell, qui fut ambassadeur des Etats-Unis au Nigeria de 2004 à 2007. Muhammadu Buhari est devenu, en 2015, le premier dirigeant nigérian d’opposition à battre un président sortant au cours d’une élection considérée comme libre et légitime.
Selon la Maison Blanche, les conversations vont se concentrer sur « la lutte contre le terrorisme » et le développement économique et démocratique au Nigeria, où une élection présidentielle est prévue en février 2019. Le Nigeria entre dans sa neuvième année de lutte contre le groupe djihadiste Boko Haram, qui a dévasté le nord-est du pays. Le conflit a fait plus de 20 000 morts et des centaines de milliers de déplacés, y compris dans les pays voisins, le Tchad, le Cameroun et le Niger.
M. Buhari affronte aussi une résurgence d’un conflit agropastoral récurrent entre agriculteurs et éleveurs, sur fond de divisions ethniques et religieuses.
Un pays où la corruption est endémique
La coopération entre les deux pays s’est améliorée au cours de l’année écoulée. Peu après son arrivée au pouvoir, en 2015, M. Buhari avait reproché au président Barack Obama d’avoir refusé de vendre des armes au Nigeria pour lutter contre Boko Haram. Mais l’administration Trump a changé de position en autorisant la vente au Nigeria d’avions Super Tucano d’une valeur de 500 millions de dollars (environ 410 millions d’euros), des appareils de surveillance et de soutien tactique qui doivent être livrés en 2020.
Cet accord a récemment été examiné avec attention au Nigeria, un pays où la corruption est endémique. Les élus nigérians ont accusé leur président d’illégalité au sujet des fonds utilisés pour acheter ces avions. M. Buhari, qui cherche à être réélu en 2019, devrait sans doute mettre en avant les réformes agricoles de son administration et souligner son engagement envers la démocratie.