« La Révolution silencieuse »: rébellion adolescente en RDA
« La Révolution silencieuse »: rébellion adolescente en RDA
Par Thomas Sotinel
Le destin d’une classe de lycéens contestataires, en 1956, est l’occasion d’une reconstitution historique consciencieuse et compassée.
Lorsque, dans cinquante ans, le festival de Berlin proposera sa rétrospective sur « la RDA dans le cinéma allemand de l’après-réunification », La Révolution silencieuse ne sera qu’un complément de programme. Un complkément plus révélateur de l’état d’esprit d’un pays qui se félicite d’avoir rangé au rang des antiquités le système post-stalinien qu’évocateur de la vie au temps d’Erich Honecker (comme l’étaient chacun à sa manière, Barbara ou Goodbye Lenin).
Placé sous l’invocation magique « inspiré de faits réels », le film de Lars Kraume (auteur de Fritz Bauer, un héros allemand), met en scène le destin des élèves d’une classe de terminale dans une banlieue de Berlin-Est. On est en 1956, et Stalinstadt n’a pas encore été débaptisée, le mur n’a pas encore été érigé. Si bien que deux lycéens, Kurt (Tom Gramenz) Leo (Leonard Scheicher) peuvent à l’occasion d’une excursion à l’Ouest, apprendre grâce aux actualités filmées, que le soulèvement hongrois a été réprimé dans le sang par les troupes soviétiques. A leur retour, les garçons convainquent leurs camarades de classe d’observer une minute de silence en hommage aux victimes au début d’un cours, sans rien dire des motifs de leur silence.
Ce comportement met en branle la machine répressive du SED, le parti communiste est-allemand. Les adolescents sont soumis à la pression des fonctionnaires, de leurs parents. Tout cela est clairement énoncé, au fil de rebondissements si bien agencés qu’on suppose qu’ils ne sont, pas, eux, inspirés de faits réels. La typologie des personnages (le rebelle, le bon élève, la jeune fille déchirée entre ces deux garçons) semble empruntée à un teenage movie américain. Quant aux décors et aux accessoires d’époque, ils donnent plus l’impression de visiter le DDR Museum de Berlin que de replonger dans une époque.
Reste l’intérêt d’un épisode révélateur de la violence d’un système, et l’apparition terrifiante de l’excellent Burghart Klaussner (vu chez Haneke, entre autres) dans le rôle du ministre de l’éducation, torturé par les nazis, que l’on sent prêt à torturer les jeunes dont il a la charge.
La révolution silencieuse (2018) Part.1 En VOSTFR
Durée : 01:38
Film allemand de Lars Kraume, avec Leonard Scheicher, Tom Gramenz, Ronald Zehrfeld, Burghart Klaussner (1 h 51). Sur le web : distrib.pyramidefilms.com/la-revolution-silencieuse,