Les ménages français n’ont jamais été aussi riches, mais la rentabilité de leur patrimoine financier est faible. En cause : leur faible appétence pour les placements risqués, qui sont aussi les plus rémunérateurs. C’est ce que montre ING dans son dernier rapport sur l’évolution récente du patrimoine des ménages français.

Au troisième trimestre 2017, le patrimoine financier moyen d’un ménage français atteint 178 200 euros, un niveau encore jamais égalé. « Les Français détiennent plus d’actifs financiers que leurs voisins allemands. Cependant, un Français sur cinq ne parvient pas à épargner. L’essentiel du patrimoine est constitué de dépôts et d’assurances-vie alors que les actifs plus risqués ne représentent qu’une petite partie du patrimoine », note l’économiste Julien Manceaux, auteur de l’étude.

Cette structure est compatible avec les principaux motifs d’épargne des Français (précaution et vieillesse) et avec le fait que huit Français sur dix disent ne pas faire confiance aux placements en actions. La part des livrets d’épargne semble stable, mais on constate une baisse de l’importance des placements plus risqués au profit de l’assurance-vie. L’immobilier occupe toujours une place centrale dans le patrimoine total (55 %), mais sa part a baissé depuis 2008.

En 2016, les ménages ont épargné 100 milliards d’euros, et près de 140 sur les trois premiers trimestres de 2017. « Depuis 2014, la moyenne est de 260 euros par mois et par ménage. Cela dit, seuls 35 % des ménages déclarent épargner plus de 200 euros par mois », précise M. Manceaux.

Les actifs financiers des ménages français produisent également de la valeur, mais leur concentration dans des actifs sans risque fait que ces actifs produisent moins de valeur qu’autrefois : seulement 2 % de rendement par an sur les cinq dernières années contre 4,2 % entre 1996 et 2000.

A la suite de la crise financière de 2008, 390 milliards de valeurs d’actifs ont été rayés du patrimoine des Français, un montant qu’il leur a fallu deux ans pour récupérer. Les Français ont depuis épargné 722 milliards d’euros. Ils ont délaissé les actions et les fonds de placements (– 28 milliards d’euros de flux effectifs) au profit de l’assurance-vie (+ 370 milliards d’euros de flux effectifs) et des livrets d’épargne (+ 232 milliards d’euros).

La dette des ménages est essentiellement constituée de l’encours hypothécaire des particuliers (939,6 milliards d’euros au troisième trimestre 2017). Celle-ci représente 70 % du produit intérieur brut (PIB) français.

Si la crise financière a stoppé net la tendance à l’accélération de l’endettement en 2008, la baisse des taux d’intérêt et le succès du régime de défiscalisation Pinel pour l’investissement dans l’immobilier neuf ont ramené la croissance du passif des ménages à 54 milliards en 2017, rien que pour les crédits à l’habitat.

Enfin, le patrimoine financier des Français est encore moins bien réparti que leurs revenus : 5 % des ménages possèdent près de 40 % du patrimoine et les plus riches disposent d’un patrimoine moyen cinq fois supérieur à la moyenne.