Le président français Emmanuel Macron, la première ministre britannique Theresa May et la chancelière allemande Angela Merkel ont cosigné une réaction en désaccord avec la décision de Donald Trump sur le nucléaire iranien, le 8 mai. / FRANCOIS LENOIR / AFP

Le président américain Donald Trump a annoncé mardi 8 mai le retrait pur et simple des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, une option radicale dénoncée avec force par Téhéran et ouvertement regrettée par ses alliés européens qui ont promis de sauver le compromis de 2015. « J’annonce aujourd’hui que les Etats-Unis vont se retirer de l’accord nucléaire iranien », a-t-il déclaré dans une allocution télévisée depuis la Maison Blanche, faisant craindre une montée des tensions au Moyen-Orient.

Le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, son plus ferme soutien sur ce dossier, a immédiatement soutenu « totalement » cette décision « courageuse ». Le royaume sunnite d’Arabie saoudite, grand rival régional de l’Iran chiite, a aussi affiché son « soutien ».

Obama sort de sa réserve

C’est « une grave erreur », a aussitôt réagi son prédécesseur démocrate Barack Obama, sortant de sa réserve avec un ton particulièrement ferme pour défendre le texte conclu sous son administration et mis selon lui « en danger » par son successeur républicain.

Le président iranien Hassan Rohani, qui s’était beaucoup investi dans cet accord, a immédiatement accusé son homologue américain de pratiquer « une guerre psychologique ».

Assurant vouloir discuter rapidement avec les Européens, les Chinois et les Russes, autres signataires de l’accord, il a averti que son pays pourrait mettre un terme aux restrictions qu’il a consenties sur ses activités d’enrichissement d’uranium.

L’annonce américaine était très attendue au Moyen-Orient où beaucoup redoutent une escalade avec Téhéran – la Turquie a dit craindre « de nouveaux conflits ». Mais aussi de l’autre côté de planète, en Corée du Nord, à l’approche du sommet entre Donald Trump et Kim Jong Un sur la dénucléarisation de la péninsule.

« Regrets » de l’UE

Les signataires de l’accord ont, eux, vivement exprimé leur désaccord. « La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni regrettent la décision américaine », a déclaré sur Twitter Emmanuel Macron. Dans un communiqué commun, le président français, la chancelière allemande Angela Merkel et la première ministre britannique Theresa May, qui s’étaient tous trois investis en vain pour tenter de convaincre Donald Trump de rester dans l’accord, se sont dits « déterminés à assurer la mise en œuvre » de ce texte en « maintenant les bénéfices économiques » au profit de la population iranienne.

Au diapason, l’Union européenne a promis de « préserver » le « plan d’action » de 2015, « une des plus belles réussites jamais réalisées par la diplomatie ».

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les signataires, hors Etats-Unis, à « respecter pleinement leurs engagements ».

La Russie s’est dite « profondément déçue », a fait savoir son ministère des affaires étrangères, dénonçant « une violation grossière des normes du droit international ». Selon Moscou, cette décision de Donald Trump « est une nouvelle preuve de l’incapacité de Washington de négocier » et les « griefs américains concernant l’activité nucléaire légitime de l’Iran ne servent qu’à régler les comptes politiques » avec Téhéran. « Il n’y a aucune raison pour saper l’accord qui a prouvé son efficacité », souligne la diplomatie russe. Ces derniers avaient défendu jusqu’au bout ce compromis qu’ils jugent « historique », soulignant que l’Agence internationale de l’énergie atomique a régulièrement certifié le respect par Téhéran des termes du texte censé garantir le caractère non militaire de son programme nucléaire.