Le FMI prévoit une légère reprise de la croissance en Afrique subsaharienne
Le FMI prévoit une légère reprise de la croissance en Afrique subsaharienne
Le Monde.fr avec AFP
Grâce au contexte mondial et à la hausse des cours des matières premières, l’économie de la région devrait progresser de 3,4 % en 2018.
Dans une ancienne mine industrielle de cuivre et de cobalt devenue une exploitation artisanale près de Kolwezi, en République démocratique du Congo, en 2016. / Kenny Katombe / REUTERS
Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une légère reprise en 2018 de la croissance en Afrique subsaharienne, attendue à 3,4 %, malgré un surendettement préoccupant dans de nombreux pays, selon son rapport d’avril, présenté mardi 8 mai à Libreville, au Gabon. « Le taux de croissance moyen de la région devrait passer de 2,8 % en 2017 à 3,4 % en 2018, en hausse dans environ deux tiers des pays », selon ce rapport qui fait le point sur les six derniers mois en Afrique subsaharienne.
Mais ce taux « ne devrait pas dépasser les 4 % à moyen terme », indique Abebe Aemro Sélassié, directeur du département Afrique du FMI. Un chiffre « insuffisant » selon lui, et en deçà des performances de croissance enregistrées sur le continent entre 1995 et 2015, d’autant qu’un tiers de la population africaine a vu ses revenus baisser.
L’Ethiopie, pays le plus performant
Cette légère reprise s’explique par de « bonnes perspectives économiques mondiales » ainsi que par « une hausse des prix des matières premières », a indiqué à l’AFP Dominique Desruelle, directeur adjoint du département Afrique de l’organisation. « Ces facteurs ont suscité d’importantes entrées de capitaux dans la région », selon M. Sélassié, qui se félicite de « l’amélioration des politiques appliquées dans certains pays ».
Les Etats les plus performants sont le Bénin, le Burkina Faso, l’Ethiopie, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Rwanda, le Sénégal et la Tanzanie, indique le FMI. Leurs économies ont progressé de 6 % ou plus en 2017 et maintiendront une forte croissance à moyen terme. C’est l’Ethiopie qui affiche le taux le plus élevé, avec 10,9 % de croissance en 2017 et une prévision de 8,5 % pour 2018.
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A l’autre extrémité, quinze pays à faibles revenus ont une dette jugée préoccupante. Selon M. Sélassié, la hausse de l’endettement dans certains d’entre eux a accaparé « des ressources qui pourraient être consacrées à des domaines essentiels tels que la santé, l’éducation et les infrastructures ».
Les deux « géants » économiques régionaux, l’Afrique du Sud et le Nigeria, sont quant à eux en état de stagnation, ce qui pèse sur la croissance globale de l’Afrique.
L’investissement privé « trop faible »
Depuis 2014, ce continent a été touché à des degrés variables par la baisse des prix du pétrole – la plus forte depuis 1970, souligne le Fonds –, d’où « un taux de croissance bien inférieur aux tendances passées et un endettement en hausse ». L’Afrique souffre de périodes de baisse de la croissance « plus longues et plus profondes » que les autres régions du monde, du fait notamment de sa dépendance aux matières premières, analyse M. Desruelle.
Le FMI note en outre que les conflits représentent un coût majeur et constituent des freins au développement pour les pays du Sahel, le Burundi, la République démocratique du Congo ou le Soudan du Sud.
Le Fonds, qui a lancé dans vingt pays d’Afrique subsaharienne des programmes d’appui ou d’aide financière, prône une croissance « soutenue » car en « en Asie, c’est cela qui a transformé la situation », pour Dominique Desruelle. Il souligne également l’importance de l’investissement privé, qui reste « trop faible » par rapport aux pays émergents d’Asie.
Selon l’organisation, il faut aussi mettre l’accent sur l’élargissement de l’assiette fiscale. « En moyenne, il devrait être possible d’augmenter les recettes fiscales d’environ trois à cinq points de pourcentage du PIB au cours des prochaines années », estime M. Sélassié.
Les plans d’ajustement structurel du FMI dans les années 1980 ont laissé de douloureux souvenirs en Afrique. Ils sont accusés d’avoir appauvri une partie de la population par des mesures trop libérales. Aujourd’hui, l’institution dit vouloir mettre l’accent davantage sur le PIB par habitant que sur le PIB par pays et protéger les dépenses sociales.