Anne-Marie Couderc devrait assurer l’intérim à la présidence d’Air France-KLM
Anne-Marie Couderc devrait assurer l’intérim à la présidence d’Air France-KLM
Par Guy Dutheil
Mme Couderc devrait être nommée présidente non exécutive, mardi, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires. Il s’agit d’une « solution de transition », le temps de trouver un successeur à Jean-Marc Janaillac.
Le conseil d’administration d’Air France-KLM a enfin trouvé un remplaçant temporaire à Jean-Marc Janaillac, qui a démissionné vendredi 4 mai. Anne-Marie Couderc devrait être nommée présidente non exécutive du groupe franco-néerlandais, mardi 15 mai, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires d’Air France-KLM. L’actuel PDG, Jean-Marc Janaillac, avait dû démissionner après le rejet, à plus de 55 %, par les salariés de son projet d’accord salarial.
Pour compléter sa « solution de gouvernance de transition », le conseil d’administration devrait charger Franck Terner, directeur général d’Air France, Pieter Elbers, PDG de KLM, et Frédéric Gagey, directeur financier d’Air France-KLM, d’expédier les affaires courantes.
« Dure, ferme mais cash »
Agée de 68 ans, Mme Couderc, ancienne secrétaire d’Etat du gouvernement Juppé en 1995 et ex-présidente de la société de distribution de journaux Presstalis, est déjà administratrice et présidente du comité des nominations et de la gouvernance d’Air France-KLM.
Pour la petite histoire, Mme Couderc avait été nommée au conseil par Alexandre de Juniac, prédécesseur de Jean-Marc Janaillac. De bons connaisseurs de la compagnie, la disent « dure, ferme mais cash ».
Un temps pressentie, Anne-Marie Idrac, elle aussi membre du conseil d’administration d’Air France-KLM, aurait refusé la proposition d’intérim. L’ancienne secrétaire d’Etat du même gouvernement Juppé et ex-présidente de la RATP puis de la SNCF aurait souhaité pouvoir aller jusqu’au bout du mandat de M. Janaillac, qui s’achève en mai 2019.
Perle rare
Après s’être réuni à plusieurs reprises depuis l’annonce du départ de M. Janaillac, il y a onze jours, le conseil d’administration d’Air France-KLM a souhaité un « intérim court » à la tête de la compagnie aérienne. Un intermède de deux ou trois mois, afin de dénicher un nouveau patron.
Selon le portrait du candidat idéal tracé par le conseil d’administration, le futur PDG devra « être un professionnel du transport aérien qui parle français, anglais et aussi hollandais », laisse-t-on entendre du côté d’Air France-KLM. Il devra aussi être « disponible immédiatement ».
Un profil qui cadre parfaitement avec celui souhaité par l’intersyndicale d’Air France. « Nous voulons quelqu’un du sérail, un spécialiste du transport aérien », exige Karine Monségu, cosecrétaire générale de la CGT Air France. Pour Philippe Evain, président du Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), le futur patron devra, avant d’être nommé, « avoir négocié avec l’Etat un retrait d’une bonne partie de la surcharge de taxes et de charges » qui plombe la compétitivité d’Air France vis-à-vis de ses rivales.
Un nom semble se dégager, celui du patron de KLM
Toutefois, cette perle rare pourrait être assez difficile à dénicher. Le conseil aurait un temps songé à nommer Fabrice Brégier, mais a dû renoncer. L’ex-numéro deux du groupe Airbus aurait fait savoir qu’il n’est pas intéressé.
D’autres noms circulent pour succéder à Jean-Marc Janaillac. Notamment ceux d’anciens cadres d’Air France, tels Lionel Guérin, ex-président de Hop ! Air France, Bruno Matheu, ancien patron du long-courrier d’Air France et ex-dirigeant de la compagnie du Golfe Etihad, ou encore celui de Pascal de Izaguirre, actuel président du tour-opérateur TUI France et de la compagnie aérienne Corsair.
En interne, certains se sentiraient pousser des ailes. A l’instar, notamment, de Nathalie Stubler, actuelle PDG de Transavia France, filiale à bas coûts d’Air France. Mais cette candidature intervient « trop tôt », indique un membre du conseil d’administration, selon lequel Mme Stubler manquerait d’expérience après avoir été nommée il y a un peu plus de deux ans seulement à la tête de Transavia France.
Pour l’heure, un nom semble se dégager, celui de Pieter Elbers. Au conseil d’administration, certains considèrent que le dirigeant néerlandais a « très, très bien réussi » à la tête de KLM. Pour le président du SNPL, cependant, ce choix serait « un signal politique extrêmement difficile à défendre », mesuré à l’aune « du transfert d’activité, réalisé depuis dix ans, d’Air France vers KLM ».
Pour être acceptée, sa désignation devrait être précédée « d’un engagement sur les équilibres de production » entre les deux compagnies, indique M. Evain, à titre personnel.
In fine, le futur PDG devra tenir compte du résultat de la consultation dont l’intersyndicale est sortie renforcée. « Nous n’oublions pas notre revendication », réitère le président du SNPL, qui réclame 6 % de rattrapage salarial. Selon lui, « il y a un espace de discussion ». Toutefois, il se dit « atterré par l’attitude de la direction d’Air France, qui nie le résultat de la consultation, comme s’il disparaissait avec le départ de M. Janaillac. »