Plusieurs centaines de personnes ont manifesté une nouvelle fois mercredi dans différentes villes françaises en soutien au peuple palestinien. / Thibault Camus / AP

Tout en parlant, Dominique sort de sa poche un autocollant PCF et le colle d’un geste expert sur son pantalon. Ce n’est « hélas » pas le premier rassemblement de soutien aux Palestiniens auquel participe cette femme d’âge mûr en ce mercredi après-midi 16 mai, place de la République, à Paris. « Gaza, c’est un camp de concentration sur 50 km », se scandalise-t-elle. A ses côtés, Muguette « condamne un crime de guerre » dans la répression de la manifestation des Gazaouis à la frontière avec Israël, qui s’est soldée par 60 morts, lundi, tués par des balles de l’armée israélienne.

Les deux femmes ne comprennent pas pourquoi la mobilisation reste cependant modeste, à République, où quelques centaines de personnes, pour la plupart militants chevronnés, ont répondu à l’appel du Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens, qui rassemble une trentaine de mouvements, dont l’Association France Palestine solidarité, le Parti communiste français (PCF), le Parti de gauche, le Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) ou Europe écologie Les Verts (EELV).

« En même temps, Macron a été mou, mou, mou sur la condamnation » des agissements de l’armée israélienne, s’emporte Dominique. Plusieurs présents soulignent le peu de communication qui a été faite autour de ce rassemblement. Ils critiquent le fait que, faute d’accord entre les organisateurs, deux rassemblements séparés aient été organisés à Paris, le second se tenant au Trocadéro.

Tranchant dans cette concentration de militants aguerris, trois élèves de seconde du lycée Eugène Henaff, de Bagnolet, informées par un condisciple, ont improvisé le déplacement jusqu’à la place de la République. « On a tenu à venir, on soutient vraiment les Palestiniens, en tant que Maghrébins », fait valoir la jeune Nawel, dont c’est la première participation à un rassemblement de ce genre. Les orateurs, parmi lesquels le député de la France insoumise Eric Coquerel, s’indignent de la réaction des autorités françaises, jugée trop faible. La petite foule scande à plusieurs reprises : « Halte au massacre du peuple palestinien ! », avant de se séparer sagement.

« Nous devrions tous nous sentir touchés par ce qu’il s’est passé »

Un second rassemblement d’un millier de personnes s’est tenu mercredi place du Trocadéro à Paris. / Michel Euler / AP

Au même moment commence le second rassemblement d’un millier de personnes. Place du Trocadéro, sur le parvis des libertés et des droits de l’homme qui surplombe la Tour Eiffel, les cris « La Palestine vivra » et « Israël, assassin » retentissent. Ce rendez-vous a été organisé par la coordination des associations palestiniennes, comprenant notamment l’Union générale des étudiants de Palestine (GUPS), et le BDS France, Boycott Désinvestissement Sanctions, qui prône le boycott d’Israël et de ses produits marchands.

« Nous demandons formellement à Emmanuel Macron de condamner les crimes de guerre de Benjamin Nétanyahou », explique Walid Atallah, un des organisateurs, qui ajoute ne pas reconnaître l’Etat d’Israël. L’inauguration par le président français et le premier ministre israélien de l’exposition « Saison Croisée France Israël » prévue le 5 juin au Grand Palais attise sa colère.

Colère contenue parmi les participants, qui ne souhaitent pas de débordements. Un « mort à Israël » se fait entendre, vite contenu par les autres manifestants, qui ne souhaitent « pas d’amalgame ». « Nous sommes antisionistes, pas antisémites », explique Alicia Bouzaiane, Parisienne d’origine tunisienne, venue seule. Elle a entendu parler du rassemblement via les réseaux sociaux et s’y est rendue après son travail, munie d’une petite pancarte condamnant l’« occupation israélienne ». « J’aurais pu naître en Palestine, déclare-t-elle les larmes aux yeux. Nous devrions tous nous sentir touchés par ce qu’il s’est passé. »