Au Mali, une dizaine de civils tués dans un incident impliquant l’armée
Au Mali, une dizaine de civils tués dans un incident impliquant l’armée
Le Monde.fr avec AFP
Des témoins font état de « bavures » après une attaque contre un militaire dans le nord du pays.
Au moins douze civils maliens ont été tués, samedi 19 mai, dans la localité de Boulékessi (nord), près de la frontière burkinabée, après l’attaque sur un marché d’un militaire malien dans des circonstances qui restaient encore floues dimanche, a-t-on appris de sources militaires.
« Ce sont les troupes maliennes sous commandement du G5 Sahel qui sont au centre de l’affaire », a indiqué à l’AFP une source militaire de cette force conjointe mise sur pied par cinq pays de la région (Mali, Burkina Faso, Niger, Mauritanie et Tchad). « Un de ces militaires a été attaqué par un homme armé au marché de la localité de Boulékessi. Par la suite, dans les conditions non encore définies, au moins douze civils sur les lieux ont été tués », a ajouté cette source, précisant que les communications avec la région étaient difficiles.
Nécessité d’une enquête
« Oui, le chiffre d’au moins douze morts est effectivement donné, mais ce sont les enquêtes qui vont déterminer tout ça », a de son côté déclaré une source militaire malienne. « Il est difficile de joindre au téléphone la localité. Il faut une enquête pour savoir comment sont morts les civils et qui a tiré sur le militaire », a ajouté cette source, en se refusant à ce stade d’évoquer une « bavure » de l’armée malienne, régulièrement accusée d’arrestations arbitraires et d’exécutions extrajudiciaires dans le cadre de sa lutte contre les djihadistes.
Contacté par l’AFP, un ancien ministre malien et homme politique originaire d’une localité située à une centaine de kilomètres de Boulékessi, a affirmé que des témoins avaient fait état de « bavures » et de « plus de quinze civils tués ». « Mais j’attends des éléments de confirmation. Selon deux témoins, un homme armé a tiré sur un militaire malien, qui était entre la vie et la mort samedi dans la nuit », a-t-il ajouté. Sollicité par l’AFP, le ministre malien de la défense, Tiénan Coulibaly, n’avait pas donné suite dimanche en fin d’après midi.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes ont été en grande partie chassés et dispersés par une opération militaire lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières du pays échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l’ONU (Minusma), régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix censé isoler définitivement les djihadistes.